C'est une première pour Microsoft. La semaine dernière, l'éditeur de Redmond a mis à jour les versions Android et iOS de son navigateur web Edge en leur intégrant un bloqueur de publicité web. Ces versions mobiles du navigateur par défaut de Windows 10 sont initialement sorties en octobre. L'outil utilisé pour bloquer les publicités repose sur Adblock Plus, la technologie de eye/o GmbH qui est l'un des bloqueurs d'annonces les plus utilisés au monde. Ben Williams, le porte-parole de eye/o, a confirmé la signature d'un accord de partenariat entre les deux sociétés, sans autres commentaires, et sans répondre non plus aux questions relatives aux conditions financières de ce partenariat. « Dans le cas présent, les vrais bénéficiaires sont les utilisateurs qui disposent désormais de plus d'options pour personnaliser et améliorer leur expérience en ligne », a déclaré M. Williams par courriel.

Le bloqueur de publicité intégré à Edge est désactivé par défaut dans les versions Android et iOS, obligeant l'utilisateur à l'activer manuellement. Dans les deux cas, le réglage est accessible via les préférences Paramètres/Bloqueurs de contenu du navigateur. « Vous verrez des publicités acceptables. Changez ces préférences à tout moment dans Paramètres », indique le texte affiché dans l'édition iOS de Edge quand Adblock Plus est activé. C'est la première fois que Microsoft intègre un bloqueur de publicité web à l'un de ses navigateurs, même si Adblock Plus et une multitude d’applications similaires sont disponibles depuis des années sous forme d'extensions pour Internet Explorer et Edge. Microsoft a refusé de répondre aux questions sur le partenariat et, lorsqu'on lui a demandé s'il prévoyait quelque chose d’équivalent pour le navigateur de Windows 10, les représentants de la firme de Redmond ont simplement répondu que l’extension Adblocker Plus était disponible pour cette version.

Une intégration très discrète

Avec l’introduction du bloqueur de publicité, Microsoft se retrouve au même niveau que Chrome de Google et Firefox de Mozilla, deux des quatre grands navigateurs ayant déjà intégré une technologie de blocage des publicités ou ayant prévu de le faire cette année. Google a déjà introduit une forme de blocage des publicités dans Chrome en ajoutant une fonction supposée empêcher l’affichage des publicités les plus agaçantes. Quant à Mozilla, l’éditeur de Firefox, il a prévu de supprimer les publicités de son navigateur à partir de septembre ou octobre. À la différence de Google, Microsoft est restée discret sur l'intégration d'Adblock Plus dans Edge pour Android et iOS. Comparativement, pendant toute l’année qui a précédé le lancement de la fonction, Google a fait en sorte que les utilisateurs et les éditeurs de sites soient informés du futur filtrage des publicités.

Jusqu’ici, y compris depuis que les controverses sur les navigateurs ont commencé, Microsoft avait évité d’affirmer sa préférence pour une solution ou une autre. L’entreprise s’est peut-être souvenue des actions antitrust menées aux États-Unis et dans l'Union européenne et les plaintes concernant l'intégration du navigateur et du système d'exploitation. Par exemple, en 2012, quand le mouvement de protection de la vie privée Do Not Track (DNT) a été lancé, Microsoft a d'abord insisté sur l'activation automatique de la fonction alors que l’entreprise développait Internet Explorer 10 (IE10). Plus tard, après les protestations des groupes de pression de l'industrie de la publicité, Microsoft a fait marche arrière. Ces groupes qualifiaient la décision DNT d'« inacceptable », affirmant que les préférences d'IE « étaient préjudiciables aux consommateurs, nuisaient à la concurrence et sapaient l'innovation américaine ».

Edge sur mobile ne dépasse pas les 0,08% de parts

À l'époque, IE représentait plus de la moitié de la part mondiale des navigateurs. Mais Edge, la version desktop comme la version mobile, est différent d’Internet Explorer. Selon le fournisseur d'analyse Net Applications, le navigateur Edge tourne sur moins d'un PC sous Windows 10 sur huit. Et le mois dernier, la part des utilisateurs de Edge sur mobile ne dépassait pas huit dixièmes du total.

Se rendant à l’évidence, Microsoft a renoncé au marché des navigateurs mobiles et au développement de son propre navigateur mobile, comme elle a renoncé à mettre Windows sur smartphones. C’est pour cette raison que l'entreprise a utilisé le cœur de Chrome (le moteur de rendu Blink) pour développer Android Edge, et la base de Safari d'Apple (le moteur WebKit) pour développer la version iOS. Selon Microsoft, ces versions de Edge sont des compagnons de Edge sur Windows 10, qui permettent en particulier d'étoffer une fonctionnalité appelée « Continuer sur PC » offerte par le système d'exploitation desktop. Edge pour Android est téléchargeable sur Google Play et Edge pour iOS, sur l'App Store.