Après des mois de travail, Microsoft a estimé que son assistant d’IA Copilot pour Azure était prêt à être utilisé par tout le monde. L'éditeur a ainsi annoncé déployer une bêta publique dans les deux semaines à venir. Il apparaîtra ainsi bientôt dans le portail Azure où il pourra aider à gérer, sécuriser et optimiser l’infrastructure cloud Azure. Dans un entretien avec Erin Chapple, vice-président corporate Azure Core Product and Design de Microsoft au sujet de ce nouveau service et de ses perspectives d'évolution, celle-ci a toutefois fait remarquer que, à l'instar des autres Copilot orientés services, Copilot pour Azure n’était pas aussi polyvalent que Bing Copilot. « Il faut plutôt considérer Copilot pour Azure comme une interface en langage naturel vers les services Azure qui peut travailler directement avec Azure Resource Graph et Azure API, tout en conservant le contexte entre les requêtes », a expliqué Erin Chapple.

Copilot pour Azure compte cependant quelques lacunes. Par exemple, si l’on souhaite interroger Copilot sur un problème de sécurité, pour savoir quelles adresses IP sont utilisées pour sonder le service de connexion, il faut disposer d'Azure Defender et d'une instance Security Center pour exposer les informations pertinentes au grand modèle de langage de Copilot. En d'autres termes, il n’est pas possible d’utiliser un processus complexe de génération augmentée de récupération (RAG) alimentant Copilot pour Azure sans les sources de données appropriées. Même si une grande partie du service s'appuie sur Azure Resource Manager et Azure Resource Graph, certaines fonctionnalités requièrent davantage d'informations sur l'instance où Azure Copilot est implémenté.

Des apports variés

La plupart des problèmes récurrents liés à Azure peuvent cependant être traités. A la question « Pourquoi mon abonnement coûte-t-il si cher ? » Copilot peut ainsi aider à trouver des configurations erronées ou des machines virtuelles instanciées qui n'ont pas été arrêtées. Grâce à cet accès aux données et en utilisant les leçons tirées de l'ensemble de la plateforme globale, Copilot pour Azure est capable de mettre en évidence des problèmes qui auraient pu échapper à l’utilisateur. On peut utiliser l’assistant pour optimiser les applications et les services existants ou pour choisir un meilleur ensemble de machines virtuelles pour son application. C'est cette dernière option qu'Erin Chapple se réjouit de voir utilisée. « Nous utilisons les informations des Azure App Services du point de vue du diagnostic et nous les exposons, et je pense que les capacités se développent de plus en plus », a-t-elle déclaré. Pour obtenir ces informations à partir du portail Azure, il faut rassembler des informations provenant de différents outils, en utilisant Copilot comme une passerelle, en rassemblant et en triant les informations dont on a besoin pour obtenir les meilleures performances de son code.

Comme Azure englobe de nombreux services différents, Copilot pour Azure développe une bibliothèque de compétences qui couvre à la fois l'administration et le développement. Par exemple, si l’on utilise Copilot avec Azure Kubernetes Service, il existe une compétence pour créer et gérer des sauvegardes, et une autre qui aide à trouver les fichiers de configuration YAML dont on a besoin pour régler ses applications. Copilot peut même assister l’utilisateur quand il écrit des lignes de commande kubectl. Copilot apprend à partir de la bibliothèque existante de modèles de conception et de pratiques Azure, et Erin Chapple souligne que « le modèle est formé à partir de cela, et qu’on peut réellement utiliser le modèle dans sa réponse afin d’avancer dans le bon sens dès le début ».

D'autres compétences de Copilot peuvent faciliter le travail avec des données hébergées sur Azure. L’assistant permet par exemple de passer directement du langage naturel au langage SQL quand on travaille avec des bases de données Azure SQL. Il suffit de poser des questions sur ces données pour que Copilot pour Azure génère les instructions T-SQL appropriées, prêtes à être utilisées dans le code ou dans le client d'administration de base de données. Copilot explique les requêtes qu'il génère, ce qui en fait une aide utile pour l'apprentissage, car on pourra s’appuyer sur ses exemples pour les futures requêtes de base de données. Il ne faut pas oublier non plus que Copilot pour Azure n'est pas un outil à usage unique. Il peut servir à générer des ressources réutilisables, par exemple des modèles Azure Resource Manager ou des scripts Azure CLI. Après tout, la réutilisation est au cœur des outils d'administration de Microsoft depuis le lancement de PowerShell, où il a toujours été possible de voir, d'enregistrer et de modifier les scripts utilisés sous le capot d'une interface graphique GUI. Copilot fonctionne à peu près de la même manière, mais pour les interactions en langage naturel, et fournit des résultats que l’on peut vérifier, partager et réutiliser.

Dépanner Azure avec l'IA

L’objectif de Copilot pour Azure est d'aider à résoudre les problèmes, en s'appuyant sur les données de la bibliothèque d'assistance d'Azure et en fournissant un chemin interactif et conversationnel qui peut aboutir à une solution spécifique. Il n’est pas nécessaire d'attendre une conversation par courrier électronique ou un appel téléphonique. Avec l’aide du chatbot de Copilot, on peut commencer à travailler sur une proposition de solution, puis affiner ses questions pour obtenir la réponse dont on a besoin. Là encore, les exemples de scripts et de modèles obtenus peuvent éviter d’être confronté plus tard à des problèmes similaires. Comme le fait remarquer Erin Chapple, « c'est un excellent outil pédagogique à bien des égards, qui permet de demander, par exemple, quels paramètres utiliser pour restreindre la connectivité entrante ». Son équipe, qui a travaillé avec les premiers utilisateurs pour comprendre leurs cas d’usage, a remarqué qu’un autre apport important de Copilot, c’est qu’il peut aider les administrateurs à comprendre leurs environnements cloud en pleine croissance. « Dans ce cas, ils peuvent poser des questions sur l'environnement quand la prolifération commence à croître », demander par exemple « Quelles VM dans ce groupe de ressources ont une connectivité sortante restreinte ? »

Même si Copilot pour Azure est destiné à tous les utilisateurs Azure, l'assistant d’IA se concentre sur les tâches administratives. Cela ne veut pas dire que les développeurs ne peuvent pas utiliser Copilot pour retrouver facilement les commandes CLI Azure nécessaires à la mise en place d'une nouvelle infrastructure. Mais Copilot pour Azure est surtout destiné à faciliter l'exploitation de grandes infrastructures Azure, un problème auquel sont confrontées de nombreuses entreprises. Erin Chapple pense que l’usage de Copilot pour Azure va s’étendre, y compris hors du portail Azure pour être intégré à d'autres applications et outils. Selon elle, Copilot peut fournir aux utilisateurs les informations dont dispose Microsoft, via de nombreux canaux différents. « Nous voulons l'exposer au-delà du portail Azure, à travers l'application mobile, la ligne de commande et d'autres expériences. Ainsi, les clients pourront bénéficier de ce compagnon tout au long de la phase opérationnelle, de la conception au déploiement et au dépannage, afin d'accéder aux informations dont nous disposons. L’idée est de faire de tous les Copilots de Microsoft une famille d'agents intelligents qui pourront se transmettre le contexte les uns aux autres. Imaginons par exemple qu’une requête effectuée dans Copilot pour Azure aboutisse dans Copilot GitHub, sans perdre la question initiale. Cela ressemble à la façon de communiquer entre collègues. C'est exactement cela qu’il faut viser : une collaboration entre l’utilisateur et ses assistants d’IA ».