Comme d'autres éditeurs d'OS, Canonical par exemple, Microsoft rêve d'une plate forme Windows idéale, construite sur une base de code unique qui permettrait d'exécuter l'OS sur tout type de matériel, des smartphones aux serveurs. L'idée sous-jacente est de proposer une expérience utilisateur cohérente entre les terminaux personnels et professionnels et de fournir aux développeurs un outil commun pour créer des applications. « Il faudrait vraiment que nous ayons la même interface et le même set d'API développeur pour tous nos terminaux », a déclaré jeudi Terry Myerson, vice-président exécutif, Operating Systems Engineering Group de Microsoft, lors d'une réunion avec les analystes financiers. « Et toutes les applications fournies aux utilisateurs finaux devraient être disponibles sur tous nos appareils », a-t-il ajouté.

C'est l'ambitieux objectif que s'est donné l'équipe de l'Operating Systems Engineering Group mis en place il y a deux mois dans le cadre de la vaste réorganisation de l'entreprise. À l'époque, le CEO Steve Ballmer avait déclaré que ce groupe serait en charge de « tout le travail autour de l'OS de Microsoft pour les consoles, les terminaux mobiles, les ordinateurs PC, et les systèmes back-end », ainsi que l'OS qui fait tourner les « services cloud ». Lors de ce meeting, Terry Myerson a explicité les défis auxquels son groupe était confronté. Celui-ci veut non seulement mettre au point un set d'outils développeur unique, offrir la parité des applications pour tous les dispositifs, mais il veut aussi développer « un service cloud commun à tous les appareils » tout en offrant une expérience « sur mesure » pour chaque terminal, depuis le mobile 3 pouces jusqu'aux téléviseurs 60 pouces. « Nous voulons proposer une expérience commune pour l'ensemble de ces dispositifs, mais elle doit être adaptée et unique pour chaque appareil », a déclaré Terry Myerson.

Une feuille de route plus claire pour Windows


Les objectifs du groupe sont « très clairs » et « l'équipe s'est mise au travail avec un sentiment d'urgence », a déclaré le vice-président. Si les avantages potentiels pour les clients et les développeurs semblent convaincants, le projet a l'air techniquement ardu, mais, selon certains, il ne prend pas la bonne direction en terme de conception. Par exemple, Apple a une stratégie à double OS qui a très bien fonctionné jusqu'à présent : Mac OS pour les ordinateurs de bureau et les ordinateurs portables, et iOS pour les téléphones et les tablettes. Google a également suivi ce chemin avec un ChromeOS destiné aux ordinateurs portables types Chromebook et aux ordinateurs de bureau et Android pour les tablettes et les smartphones, même si certains se demandent si la frontière entre les deux systèmes va s'estomper à l'avenir. En outre, Microsoft est actuellement dans une situation très contradictoire avec Windows 8. L'OS optimisé pour les tablettes tactiles était censé donner à Microsoft plus de poids face à Apple et aux vendeurs de tablettes sous Android. Au contraire, la firme de Redmond s'est pris les pieds dans le tapis : de nombreux consommateurs et utilisateurs professionnels n'ont pas aimé les principales nouveautés de l'OS. Une mise à jour Windows 8.1 répondant à ces critiques est attendue mi-octobre.

Et, alors que l'équipe de Terry Myerson vise la Lune, ici-bas, Microsoft propose toujours deux versions de Windows 8, une situation qui a également semé la confusion chez ses clients. Il y a un Windows 8 pour les périphériques x86, capable de faire tourner des applications Windows 7 existantes, et puis il y a un Windows RT, qui ne peut pas faire tourner ces applications parce que l'OS a été conçu pour les terminaux à puces ARM. Par ailleurs, il y a Windows Phone 8, dont l'adoption reste également modeste, principalement parce que, comme pour les tablettes, la part de Microsoft est mineure sur le marché des smartphones. L'acquisition des activités smartphone de Nokia, qui n'est pas encore bouclée, a pour but de parer à ce déficit de représentativité. De même, l'accueil mitigé pour les tablettes Surface sous Windows 8 et sous Windows RT n'arrange pas les choses. Comme on pouvait s'y attendre, de nombreux développeurs ont adopté une position attentiste à l'égard de Windows 8 alors que Microsoft fait le bilan de ses différents problèmes et commence à parler concrètement de son projet d'OS unifié.