Pourquoi le ministère de la Défense a-t-il malgré tout fait un tel choix ? Certes, il arrive que des acheteurs publics peu informés considèrent qu'il n'existe que Microsoft comme éditeur de certains types de logiciels. Une telle mauvaise pratique se limite en général à de petites collectivités locales et à la bureautique au sens strict, un domaine où la concurrence est globalement limitée à Microsoft Office, Corel Office (ex-WordPerfect) et les logiciels libres Open Office et Libre Office. Ces deux derniers logiciels libres (à licences gratuites, donc) sont deux variantes ("forks") de l'ancien logiciel allemand Star Office, maintenus chacun par de nombreux prestataires et une grande communauté, avec le soutien appuyé de grands acteurs comme Google ou IBM. Tous ces logiciels sont, en outre, parfaitement compatibles entre eux en utilisant des formats reconnus par l'ISO.

L'étendue du contrat entre Microsoft et le ministère de la Défense en termes de nombre et de nature de logiciels étant inconnue, il est dès lors difficile de mentionner les concurrents possibles aux solutions retenues. Le ministère de la Défense indique que le choix de Microsoft « répond à des contraintes opérationnelles et d'interopérabilité avec nos alliés ainsi que de rationalisation et de transformation des systèmes d'information du ministère de la Défense. » La France est en effet membre de l'OTAN, organisation dominée par les Etats-Unis, pays de Microsoft.

Circulez, il n'y a rien à voir

Il semble nécessaire de s'inquiéter du coût d'un tel contrat à l'heure où le déficit public de la France est tel que la moindre économie est recherchée. Le ministère considère pourtant que tout va pour le mieux.  « Le retour d'expérience du premier contrat et les tendances actuelles montrent que la stratégie adoptée par le ministère de la Défense devrait permettre d'obtenir le meilleur vecteur contractuel possible » affirme-t-il.

Il importe visiblement peu au ministère de la Défense que la mise en concurrence soit une telle évidence que les Enarques sont formés à accompagner la migration vers OpenOffice depuis 2008 et que les Journaux Officiels ont basculé sous OpenOffice depuis 2008 également, pour prendre des exemples parmi toutes les migrations effectuées au sein des administrations centrales. Sans parler des gendarmes eux-mêmes, des militaires aujourd'hui rattachés au ministère de l'Intérieur, qui ont basculé vers des solutions concurrentes de celles de Microsoft.