Les pépites tech françaises séduisent toujours autant les fournisseurs IT étrangers. Cette fois, c'est au tour de NetApp de mettre la main sur Data Mechanics. Basée à Paris, elle a été créée en 2019 par deux anciens de Polytechnique, Jean-Yves Stéphan (co-fondateur et président) passé par Databricks et Julien Dumazert (co-fondateur, directeur général et CTO). La start-up a été accélérée au sein de Y Combinator et a avait eu l'occasion de lever  selon Crunchbase près de 150 000 dollars. Cette jeune pousse propose de déployer des tâches Apache Spark (traitement big data) sur des clusters Kubernetes.

Le framework open source de calcul distribué Spark permet de traiter de gros volumes de données mais son administration s'avère particulièrement complexe. Un enjeu auquel répond précisément la société : « on automatise un choix d'infrastructures et de configurations pour rendre les workloads Spark stables qui vont tourner dans des cluster Kubernetes », nous a expliqué Jean-Yves Stéphan, co-fondateur et président de Data Mechanics. « Spark et Kubernetes ne tournaient pas bien ensemble et nous faisons partie des pionniers pour permettre aux entreprises de rationaliser et gérer ce type d'infrastructure ». Il précise par ailleurs, « nous gérons la création et la gestion du cluster Kubernetes à l'aide d'EKS sur AWS, GKE sur GCP et AKS sur Azure et adaptons automatiquement ses pools de nœuds en fonction de la charge »

Fonctionnement de la solution de Data Mechanics pour adapter Spark sur Kubernetes (Crédit Photo : Data Mechanics)

Jusqu'à présent la solution était proposée en deux modes de tarifications, avec du paiement à l'usage (pay as you go) à 0,05$ par heure pour chaque tâche Spark donnant déjà accès à de nombreuses fonctions (autoscaling et autotuning, indicateurs et logs, Google SSO...). Le second mode, Entreprise, ajoute en plus de la connectivité de cluster restreinte, l'intégration d'un planificateur personnalisé, des SLA...). Il est encore trop tôt pour savoir si ce double mode de tarification sera conservé, mais à terme la technologie de Data Mechanics sera intégrée à Spot, rachetée également il y a un an, qui a conçu une solution basée sur l'IA pour surveiller la disponibilité et la tarification des surcapacités cloud des fournisseurs. Ce dernier avait commencé à adresser avec son produit Wave les besoins de répondre aux enjeux de traitement des big data via Spark.

L'équipe de Data Mechanics intégrée à Spot 

En mettant la main sur la start-up française, NetApp-Spot gagne un temps considérable de développement. Mais aussi un portefeuille clients composée d'une vingtaine de références dans les domaines de l'adtech, des data platforms  mais aussi de la santé avec Bonfiglioli, WayUp, Gray Wolf, Safegraph, Keboola, Pareto, Tradelab, Weather2020, Iktos, Lingk... En étant désormais intégrée à Netapp, Data Mechanics espère par ailleurs être en capacité de séduire les plus grandes entreprises qui pouvaient se montrer frileuses à utiliser sa technologie.

« L’ajout de Data Mechanics à nos solutions existantes permettra aux entreprises de tous les secteurs de tirer pleinement parti d’Apache Spark et de Kubernetes, de manière plus simple et plus rentable, afin de faire progresser leurs initiatives relatives aux données et au cloud », a indiqué NetApp dans un communiqué. Les détails financiers de l'opération n'ont pas été précisés mais l'équipe de la start-up (9 personnes en tout) rejoint celle de Spot dont l'effectif approche dans le monde 300 personnes. Actuellement hébergée au sein d'Agoranov, Data Mechanics fonctionnait sur un mode d'organisation hybride qui va perdurer après le rachat. « En tant que start-up née pendant la crise Covid, notre équipe fonctionne en mode distribué principalement en télétravail », nous a expliqué Jean-Yves Stéphan. A noter que ce dernier occupera désormais chez NetApp la fonction de responsable produit senior chez Spot.