18 ans, l'âge de la maturité pour OVH. Pour son événement annuel Summit Paris, organisé cette année dans le quartier de la Villette, le fournisseur français de services cloud et d'hébergement a voulu marquer un tournant dans sa stratégie. « On a fini de se structurer mais ce n'est que le début », a lancé le fondateur et CEO de la société roubaisienne Octave Klaba en ouverture de sa conférence jeudi 17 octobre. « On vise le long terme, les 10 et 20 prochaines années à l'échelle mondiale ». Pour appuyer sa volonté de voir sa société changer de braquet, le dirigeant a pris acte du changement de posture d'OVH, plus vraiment une PME mais pas vraiment multinationale avec un chiffre d'affaires non publié. Pour étayer le propos, le dirigeant décline une succession de chiffres clés : plus de 2 100 collaborateurs, répartis dans 19 bureaux à travers le monde, pour un chiffre d'affaires en croissance de 30% cette année. Pour 2020, OVH voit grand. Très grand, puisque l'entreprise prévoit de flirter avec la barre du milliard d'euros et monter à 4 200 personnes. Une progression des effectifs qui s'inscrit dans la poursuite des efforts de recrutements récemment annoncés et un gigantesque plan d'investissement de 1,5 milliard d'euros comprenant notamment l'obtention de sa dernière ligne de crédit de 400 millions d'euros.

« Tous les 4 mois un nouveau datacenter s'ouvre », a lancé Octave Klaba. « OVH passe au next level. Nos concurrents sont Amazon, Microsoft et Google en Amérique, Allibaba, Baidu et Tencent en Chine. On se donne l'envie de les challenger même si on regrette d'être le seul européen dans la liste. » Reste qu'en Europe, selon la dernière étude en date de Forrester, OVH est loin d'être un poids lourd sur le marché du cloud en Europe. Microsoft, AWS, IBM, Google, Interoute, Centurylink ou encore Cloudsigma dominent ce marché (voir ci-dessous).  

Aujourd'hui, OVH compte 27 datacenters dans le monde dont 7 sur la côte Ouest des Etats-Unis (6 à Beauharnois et 1 à Vint Hill), 1 en Australie (Sydney), 1 à Singapour, 15 en France (7 à Roubaix, 2 à Gravelines, 3 à Strasbourg et 3 à Paris), 1 en Angleterre (Londres), 1 en Pologne (Varsovie) et 1 en Allemagne (Francfort). La société ne compte pas s'arrêter en si bon chemin et vise maintenant plus de 50 datacenters à travers le monde, sans toutefois s'engager sur une date.

OVH à la conquête de l'Ouest

Pour accroître son business, OVH compte particulièrement sur son activité aux Etats-Unis, une zone où le roubaisien profite déjà du rachat des activités cloud hybride de VMware vCloud Air. Percer outre-Atlantique pour séduire en particulier les secteurs tech, santé, éducation, commerce et services professionnels IT est un objectif visé par le fournisseur français. On le comprend quand on sait que les dépenses IaaS vont passer de 21,4 milliards de dollars à 50,6 milliards en 2021. Aucune raison objective donc de passer à côté de ce gros gâteau.

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La carte des points de présence aux Etats-Unis d'OVH, piloté par Russel Reeder, président et CEO d'OVH US depuis mars dernier. (crédit : D.R.)

Après un zoom sur le rêve américain du fournisseur roubaisien par Russel Reeder, président et CEO d'OVH US, Laurent Allard, vice-président d'OVH, est venu sur la scène du Paris Event Center pour aborder la stratégie cloud du groupe. Dans un contexte où le marché mondial du IaaS est prévu de passer de 40 à 400 milliards de dollars d'ici 8 ans, poussé par le transfert des dépenses annuelles d'infrastructures jusqu'alors consacrées aux systèmes legacy on-premise, vers le cloud, OVH tente de se démarquer. Cela passe par un plan d'action articulé autour de 4 axes visant à faciliter la réversibilité d'une plateforme de cloud vers une autre, favoriser l'interopérabilité en s'appuyant uniquement sur des standards cloud ouverts, protéger les données par localité et également respecter les droits de propriété intellectuelle relatifs, par exemple, à l'enrichissement d'algorithmes en intelligence artificielle.

Openstack aussi pour des besoins en cloud privé

Alors que jusqu'à maintenant OVH basait son offre de cloud public sur Openstack et repose sur des briques VMware pour du cloud privé, le fournisseur a annoncé lors de son Summit Paris 2017 l'extension de l'usage du framework open source pour répondre à des besoins de cloud privé. Cela passe par une compatibilité avec les API dedicated server Openstack, de VMware Integrated Openstack ou encore de pouvoir contrôler la dernière génération de load balancer Rock Solid proposée par OVH au travers d'une simple API Openstack. Mais aussi la volonté de pousser l'émergence d'un « open cloud » au niveau mondial avec le lancement de la fondation OpenCloud. « Nous travaillons depuis 20 mois à définir les besoins et les fondamentaux pour un cloud open dans l'industrie reposant sur de la réversibilité, de l'interopérabilité, de la protection des données et du respect des IP », a lancé Laurent Allard.

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Les premiers membres de la fondation OpenCloud, annoncée par le vice-président d'OVH Laurent Allard mardi 17 octobre à Paris. (crédit : D.F.)

Les actions de la fondation OpenCloud lancée par OVH et opérationnelle dans le courant du premier trimestre 2018, seront articulées autour de la promotion de standards techniques ouverts, engager des discussions auprès d'opérateurs publics sur de nouvelles régulations et reconnaitre les fournisseurs cloud conformes avec les engagements de la fondation via la distribution de labels de conformité. 

OVH a par ailleurs profité de son événement pour annoncer le regroupement de ses offres en trois marques distinctes. A savoir OVHcloud (regroupant les offres infrastructure, PaaS, stockage, API...) et pesant plus de 50% du chiffre d'affaires de la société (en croissance de 50% par an), OVHspirit (regroupant les offres serveurs pour indépendants et TPE/PME So You Start, Kimsufi et VPS) pesant 25% du chiffre d'affaires. La dernière marque est OVHmarket, articulée autour des solutions historiques d'hébergement, noms de domaines, web/télécom, SaaS...