Annoncé en septembre dernier par Bloomberg, le projet d'introduction en bourse d'OVHcloud a bien avancé. Il est même dans sa dernière ligne droite, le JDD a éventé la confirmation de l'arrivée en bourse de Paris (Euronext Paris) de l'hébergeur et fournisseur de services cloud roubaisien. Ce lundi matin, le directeur général du groupe, Michel Paulin, a confirmé que l'IPO devrait s'effectuer entre septembre et octobre 2021. Cette dernière a-t-elle été décalée à cause de l'incident qui a frappé l'un des datacenters d'OVHcloud à Strasbourg en mars dernier ? « L'incendie n'a pas bougé l'agenda », nous a assuré une porte-parole du groupe.

Sur l'opération boursière en tant que telle, peu d'informations en revanche (montant, fourchette du prix de l'action...), tout juste apprend-on qu'à son issue, la famille Klaba restera majoritaire au capital d'OVHcloud. Aujourd'hui, elle en détient 80%, le solde étant dans les mains des fonds KKR et TowerBrook qui ont investi en 2016 quelque 250 millions d'euros dans la société. Le dossier d'introduction en bourse d'OVHcloud est en cours d'envoi auprès de l'autorité des marchés financiers (AMF). En 2016, la valorisation de la société était déjà estimée à plus d'un milliard d'euros. Pour 2020, le groupe qui compte plus de 2 400 collaborateurs indique avoir réalisé un Ebitda de 255 millions d'euros ainsi qu'un chiffre d'affaires de 632 millions d'euros, en hausse de 5% par rapport à 2019. « Globalement, la destination des fonds concernera l'expansion géographique à l'international et en France, la diversification du portefeuille dans des couches de PaaS par exemple et la sécurité », explique la porte-parole.

L'hyper-résilience en action

Dans un contexte de marché du cloud qui devrait en Europe d'ici 2025 dépasser celui des télécoms, OVHcloud compte bien jouer un rôle de premier plan. « Nous sommes avec un positionnement unique, seul européen dans le top 10 mondial et à la fois sur le cloud hybride, le cloud de confiance et la protection des données », a indiqué Michel Paulin. Avec cette levée, OVHcloud devrait donc profiter de ses fonds pour renforcer sa présence (32 datacenters à ce jour dans le monde dont 5 en Amérique du Nord et 2 à Singapour). Sans oublier d'effectuer des mises à niveau (technique, sécurité, protection incendie...) comme cela avait été évoqué début mai par Octave Klaba, fondateur et président d'OVHcloud avec un plan d'«hyper-résilience ».

Outre des recrutements, le groupe devrait profiter aussi de ses nouveaux fonds pour muscler son offre à destination des entreprises. Pour les séduire, le groupe compte bien jouer à fond la carte du cloud de confiance, ce dernier étant l'un des rares fournisseurs cloud (avec Oodrive et Outscale) à bénéficier de cette qualification. On rappellera toutefois que cette dernière est uniquement valable pour l'heure sur son offre Hosted Private Cloud, et non sur l'ensemble de ses solutions et services, comme pour d'autres.

La guerre du cloud souverain relancée

Ces derniers mois, OVHcloud a multiplié les partenariats, aussi bien avec Atos qu'Orange. Sans toutefois aller jusqu'à la création d'une co-entreprise comme ce dernier avec Capgemini, réunis dans Bleu, pour pousser une offre Microsoft (Azure et 365). « Nous militons pour un cloud de confiance et souverain, l'inverse d'être enfermé dans une solution unique », a taclé Michel Paulin. « OVHcloud construit et conçoit ses serveurs, notre support est en Europe, il n'y a aucune capacité technique ou légale pour qu'un juge américain puisse accéder aux données, OVHcloud est immunisé contre le Cloud Act ». Après la guerre du cloud, celle du cloud souverain est bel et bien relancée.