(Source EuroTMT) Le projet de réseau national public à très haut débit (NBN) vient de franchir une première étape essentielle en Australie. Après le vote par le Sénat du projet de loi organisant la séparation structurelle du réseau en cuivre de Telstra (l'opérateur historique domestique), la chambre des représentants a, à son tour, entériné le projet de loi lundi 29 novembre. Le Parti Travailliste au pouvoir n'ayant pas la majorité absolue au Parlement, ces votes ont été rendus possibles grâce au soutien apporté par les élus écologistes et indépendants, qui se sont ralliés au projet la semaine dernière.

En contrepartie de leur soutien, le gouvernement travailliste, dirigé par Julia Gillard, élue en juin dernier, avait accepté de publier un document financier expliquant les détails de l'investissement prévu. Annoncé en avril 2009, le projet NBN doit couvrir 93 % de la population, les 7 % restants étant desservis soit par des accès sans fil (4 %), soit par le satellite (3 %). A ce jour, l'Australie compte 10,9 millions de prises, dont 9,6 millions de prises grand public et 1,3 millions de prises professionnelles. L'Australie prévoit aussi une croissance annuelle moyenne de 177 000 prises d'ici à 2025. Selon le document financier, le coût global de l'investissement pour déployer le réseau en fibre optique (qui couvrira 10,1 millions de prises) sera de 35,7 milliards de dollars australiens (un peu plus de 26 milliards d'euros), un chiffre revu à la baisse par rapport au plan initial (37,4 milliards) en raison de l'accord conclu avec Telstra, qui cède à NBN Co, la société publique dirigée par Mike Quigley (un ancien dirigeant d'Alcatel-Lucent). Cette dernière déploiera et exploitera la fibre optique, son réseau en cuivre et une partie du génie civile pour 13,8 milliards de dollars australiens (10 milliards d'euros), dont le paiement sera étalé jusqu'en 2020. Un montant que NBN Co. a intégré, non dans le coût d'investissement, mais dans ses coûts d'exploitation, provoquant une mini-polémique en Australie sur les coûts réels de l'investissement.

Des questions sur le financement


Toujours selon le document rendu public la semaine dernière, le financement de l'investissement passera par une mise en capital de 27,1 milliards de dollars australiens (19,8 milliards d'euros) par l'Etat australien, complété ensuite par de la dette. Le business plan prévoit aussi que la société publique dégagera ses premiers cash-flows positifs en 2021. Les premiers dividendes devraient être versés dès 2020, permettant de rembourser le montant de la mise de fonds publics en 2034. Pour autant, ce document financier n'a guère convaincu l'opposition politique et les spécialistes, compte tenu du peu de chiffres rendus publics. L'opposition a aussi demandé, en vain, une analyse coûts - bénéfices pour vérifier que l'argent public était utilisé à bon escient.

Si le Parlement a donc finalement adopté la séparation de Telstra, le projet NBN n'a pas pour autant franchi tous les obstacles. En février prochain, après les vacances parlementaires, un autre projet de loi, sur les conditions d'utilisation par NBN Co. du réseau en cuivre, devra aussi être adopté. Or ce projet, qui, dans l'état actuel, permettrait à Telstra d'obtenir des conditions d'accès financièrement avantageuses par rapport aux concurrents, est contesté notamment par les sénateurs indépendants qui s'étaient ralliés aux travaillistes pour faire passer le premier projet de loi.