Selon une étude de Manpower menée à l'échelle mondiale en janvier 2007 (27 pays et près de 37 000 entreprises interrogées), 41% des employeurs déclarent avoir des difficultés à recruter les bons candidats. Avec 40% de réponses allant dans le même sens, la France se trouve dans la moyenne mondiale, en nette augmentation par rapport à 2006 (+10 points). Les pays qui avouent avoir le plus de difficultés à recruter les employés adéquates sont le Costa Rica (93%), le Mexique (82%), la Nouvelle-Zélande (62%), ainsi que l'Australie et le Japon (61%). Sans surprise, les pays qui sont réputés comme les plus dynamiques ont moins de souci de recrutement, l'Inde étant en tête avec 9%, tandis que deux pays européens, l'Irlande et les Pays-Bas sont à égalité (17%) et précèdent de peu la Chine (19%). L'étude montre également que l'augmentation des difficultés de recrutements déclarée en France est proche des pays scandinaves, Suède et Norvège, une sorte d'exception dans la zone Emea (Europe, Moyen-Orient, Afrique). Ailleurs en effet, on constate une baisse, comme en Allemagne (53% des entreprises avaient des difficultés à recruter en 2006 contre 27% cette année), au Royaume-Uni (42% en 2006, 34% en 2007), en Espagne (57% en 2006, 24% cette année) et en Italie (32% en 2006 contre 23% en 2007). Quant aux USA, 41% d'entreprises déclaraient avoir des difficultés à recruter les bons profils en janvier 2007 contre 44% l'an dernier. En France, les maçons sont plus difficiles à recruter que les ingénieurs L'étude de Manpower établit également un « Top 10 » des métiers les plus demandés. Contre une idée largement répandue, ce ne sont pas les ingénieurs (ils arrivent en dixième position) qui sont les plus demandés, mais les travailleurs manuels (surtout maçons, électriciens, menuisiers), suivis par les chauffeurs routiers et les techniciens. Cette enquête rejoint celle du BMO 2007 (besoins en main d'oeuvre) où la proportion des recrutements jugés difficiles s'établit à 46% en 2007, en hausse de 1,8 point par rapport à 2006. L'analyse est conforme à celle faite par Manpower : pour certains métiers qualifiés du bâtiment (maçons, plombiers, plâtriers), cette proportion reste toujours aussi élevée. Les résultats publiés par Manpower confirment également l'inadéquation entre les profils recherchés par les employeurs et les qualifications effectives des candidats. Ils relativisent par ailleurs les annonces alarmistes de « pénurie » sur certains profils d'ingénieurs, même si des tensions existent sur un marché des SI en pleine expansion et dans lequel les bons candidats sont en poste. De plus, ils posent de façon aigüe la question de la qualification, du rapport entre les études en France et le débouché professionnel réel. Enfin, cette étude montre l'état des professions dites à fort potentiel intellectuel, leur avenir dans un monde mondialisé et, corrélée à cette mondialisation, leur répartition géographique. Il y aurait suffisamment de chercheurs en R&D en France, mais pas assez en Asie En guise de comparaison, ce sont les ingénieurs qui sont les plus « pénuriques » en Inde (suivis d'« IT staff » et techniciens). Plus proche de la France, « IT Staff » arrive au troisième rang des métiers pour lesquels les entrepreneurs allemands peinent le plus à recruter, et au cinquième en Irlande (les ingénieurs occupant la deuxième position des métiers les plus recherchés). Quant aux chercheurs, les entreprises n'ont aucune peine à les recruter en France puisqu'ils n'apparaissent même pas dans le Top 10. Peut-être les chercheurs français au chômage devraient-ils se tourner vers l'Asie (!) : à Taiwan et en Chine, la difficulté de recruter dans la R&D arrive respectivement en troisième et septième position.