Printemps 2005, les Français infligent un soufflet à la majorité des médias et des politiques en disant non à 54,67% au référendum sur la Constitution européenne. Bien que les répercussions réelles soient difficiles à mesurer, beaucoup pensent que la campagne alternative organisée sur le Web a orienté le choix des citoyens. La mobilisation d'internautes anonymes fut en effet sans précédent. Etienne Chouard, professeur de droit à Marseille, avait particulièrement attiré l'attention - et continue aujourd'hui encore. Sur son site L'arc-en-Ciel il écrit : « Ici, vous trouverez d'abord une synthèse des plus graves reproches essentiellement institutionnels, qu'on peut faire au "TCE" [projet de traité constitutionnel européen, NDLR], et plus généralement à la construction de l'UE ». L'idée de démocratie participative en ligne florissait alors. Mais aujourd'hui, à l'approche de l'élection présidentielle, la donne a changé. Qu'est-ce qu'un referendum en effet sinon la consultation populaire la plus encline à favoriser la participation des citoyens ? On consulte le peuple pour prendre une décision, c'est oui ou c'est non. Avec la présidentielle, on passe d'une situation bilatérale à une configuration multilatérale et individualisée. On ne prend plus une décision précise mais on choisit une personne qui prendra le pouvoir. L'influence, la personnalité et le réseau des candidats rentrent ainsi en jeu, ce qui diminue les possibilités d'expression des e-citoyens. Les grands partis ont déployé des stratégies sur le Web qui empiètent sur l'autonomie des internautes. Certains, comme l'UMP, cherchent à s'imposer par la voix de blogueurs influents. On pense à Loïc Le Meur évidemment, le patron de Six Apart Europe, qui s'est officiellement rallié à Nicolas Sarkozy. Ségolène Royal a de son côté choisi de s'adresser directement aux internautes sur son site Désirs d'avenir. Il se présente comme un site de débat participatif, mais qui reste contrôlé par un parti. Tandis que le site de soutien Segosphere, sous-titré « les jeunes avec Ségolène Royal », a été lancé avec le concours d'Aziz Ridouan, qui s'est fait un nom dans le landernau en militant, avec son site Audionautes, contre le projet de loi Dadvsi. Conjonction entre campagne présidentielle et Web 2.0 Mais à l'heure du Web 2.0, du Web collaboratif, les internautes ont les outils pour se détacher des partis et jouer de leur propre influence. Ségolène Royal en a fait les frais. Deux vidéos publiées sur la plate-forme Dailymotion ont tenté de lui faire du tort pendant la campagne d'investiture socialiste. Dans la première, Pierre Bourdieu affirme que Ségolène Royal est de « droite ». La seconde révèle des propos tenus par la candidate socialiste sur la nécessité d'imposer un temps de présence de 35 heures aux professeurs dans les collèges (le PS tentera par la suite d'allumer un contre-feu en montrant une version montrant le contexte, donc dite intégrale... mais qui ne l'était pas encore tout à fait). Ces jeux d'influence et de pouvoir ne sont pas très propices au débat citoyen. Mais heureusement, le Web 2.0 est aussi un moteur d'échanges et de discussion. Le site Debat2007 a par exemple ouvert un wiki des programmes pour réunir « l'information sur les programmes des candidats à l'élection présidentielle de 2007 ». Pour rappel un wiki est un espace d'échanges de savoir en perpétuelle évolution sur lequel chacun peut intervenir. Certains blogueurs se transforment également en agitateurs d'idées. Il n'y a qu'à regarder le blog de Guy Birenbaum pour voir que certains billets suscitent de réels débats en commentaires. Mais cela est-il suffisant pour parler de démocratie participative sur le Web ? La démocratie participative, comme le définit Wikipedia, permet « d'accroître l'implication et la participation des citoyens dans le débat public et la prise de décisions qui s'en suivent ». Internet fournit de l'information, donne aux internautes la parole. En somme, il est un stimulant citoyen. Il pose le débat, en trace les grandes lignes et c'est déjà ça !