Dans le cadre de la journée de la protection des données, nombreux sont les acteurs qui ont leur mot à dire. A l’occasion de la 17ème édition de cette journée importante, l’UFC-Que Choisir a lancé une campagne de mobilisation #JeNeSuisPasUneData en proposant un outil gratuit qui offre à chaque internaute de découvrir concrètement quelles sont les données personnelles collectées par les plateformes qu’il utilise, mais aussi et surtout, d’exercer ses droits de rectification, de suppression, et à l’oubli… « Si les consommateurs ont conscience de la collecte de données dont ils sont l’objet dans leur quotidien, ils sont loin d’en mesurer l’ampleur et surtout l’exploitation qui en est faite. Il est primordial que les consommateurs réalisent l’importance des données qu’ils laissent sur Internet et les conséquences que cela peut impliquer sur leur vie, dans un contexte, en outre, de cybercriminalité en pleine expansion » précise l'association.

Un problème également pointé du doigt l’édition 2023 du Data Privacy Benchmark réalisée par Cisco qui interroge les entreprises sur leurs stratégies de confidentialité des données personnelles. Selon Harvey Jang, vice president and chief privacy officer chez Cisco, « pour établir un lien de confiance, la conformité ne suffit plus ». L’étude révèle ainsi que 39 % des consommateurs exigent plus de transparence de la part des entreprises mais seulement 30 % d’entre elles priorisent la conformité pour gagner la confiance des clients. En France, les entreprises se focalisent d’autant plus sur la conformité (35 %) tandis que 26 % se concentrent sur la non commercialisation des données personnelles. L’enquête montre également que les priorités des sociétés en matière de protection de la vie privée diffèrent de celles des consommateurs. Ainsi, 96 % des Français pensent que les entreprises doivent faire davantage pour les rassurer sur l’utilisation qui est faite de leurs données.

Protéger tout un chacun juridiquement

D’un point de vue juridique, la législation sur la protection de la vie privée a largement évolué ces dernières années notamment avec le RGPD. Primordiale, elle permet aux gouvernements de responsabiliser les entreprises dans leur gestion des données personnelles. Ainsi, 157 pays disposent désormais de lois sur la protection de la vie privée, contre 145 l'année dernière. Même si la conformité à ses lois implique des efforts et des coûts importants, 88 % des entreprises françaises pensent que les lois sur la protection de la vie privée ont eu un impact positif.

De leur côté, 79 % des consommateurs pensent que leurs données seraient plus en sécurité si elles étaient stockées dans l’hexagone, cependant, 89 % des Français ont plus confiance dans les entreprises mondiales pour protéger leurs données que dans les entreprises françaises.

Des investissements massifs en faveur de la confidentialité

L’étude de Cisco révèle qu'en dépit d'une conjoncture économique difficile, les entreprises continuent d'investir dans la confidentialité, avec des dépenses en nette augmentation, passant de 1,2 million de dollars il y a 3 ans à 2,7 millions de dollars cette année. Les entreprises françaises ont quant à elles augmenté leur investissement de 2,1 à 2,7 millions de dollars entre 2021 et 2023. Derrière la protection de la vie privée des clients il y a aussi les intérêts commerciaux. Pour preuve, 78 % des entreprises françaises tirent des bénéfices importants à la suite de leurs investissements dans la protection de la vie privée. Elles constatent notamment que leurs clients ont plus confiance, que les délais de vente se réduisent et qu’il y a moins de pertes dues aux violations de données. Financièrement aussi les bénéfices sont notables. En moyenne, les entreprises françaises obtiennent un ROI positif de 1.5.

Ainsi, la quasi la totalité des entreprises françaises (98 %) estiment que tous leurs collaborateurs doivent savoir comment assurer la confidentialité des données pour ne pas perdre leurs clients. « L'approche d'une société en matière de protection de la vie privée va au-delà du devoir de conformité », a déclaré Dev Stahlkopf, executive vice president and chief legal officer chez Cisco. « L'investissement dans la protection de la vie privée génère de la valeur commerciale au niveau des ventes, de la sécurité, des opérations et, surtout, de la confiance ».

L’utilisation de l’IA

L’intelligence artificielle offre des opportunités mais ne doit pas être imposée. En ce sens, 92 % des personnes sondées déclarent que les entreprises ayant recours à l’IA doivent davantage les rassurer sur la façon dont leurs données sont utilisées. Cisco rappelle que dans son édition 2022, déjà, elle notait un « décalage important entre les mesures prises par les entreprises pour garantir la confidentialité des données et le souhait des Français d’avoir davantage de visibilité sur la manière dont les entreprises ont recours à l'intelligence artificielle (IA) ». Pire encore, 63 % des Français déclaraient que l’utilisation de l’IA avait détérioré leur confiance en elles.

L’édition 2023 montre que ce rapport ne s’est pas amélioré. Les utilisateurs souhaitent avoir la possibilité de refuser les solutions basées sur l'IA. Pourtant, seulement 21 % des organisations considèrent cette liberté de choix comme importante pour rassurer leurs clients. Par ailleurs, 96 % des sociétés prétendent avoir mis en place des processus capables de répondre aux normes responsables et éthiques que les clients attendent des solutions basées sur l'IA. Toutefois, ces derniers, encore trop peu au courant de leurs droits concernant leurs données personnelles sont donc rares à les exercer. Alain Bazot, président de l'UFC-Que Choisir ajoute « les géants du web ont fait de nous des datas, mais ça n’est pas une fatalité. Aujourd’hui, il est temps de renverser la tendance, de réagir en reprenant la main sur nos données personnelles ». L’association entend ainsi jouer le rôle de facilitatrice et lance un appel à la mobilisation à travers sa campagne et son outil, rappel également auprès du public afin de le pousser à reprendre le contrôle sur ses données.