Désormais fortement engagé dans l’Internet des objets, l’éditeur américain PTC, spécialisé dans la gestion du cycle de vie des produits (PLM) a expliqué en juin dernier, sur sa conférence PTC Live 2015, comment il comptait relier les modèles numériques des produits conçus avec ses applications avec leur équivalent physique évoluant dans le monde réel. Jusque-là, une fois que le produit était réalisé et livré, son fabricant n’avait guère de visibilité sur son fonctionnement en dehors des interventions pour panne et maintenance. La connectivité, les capteurs et les logiciels associés à l’IoT transforment la donne. PTC a donc élaboré le concept de jumeau digital, exacte représentation numérique du produit physique connecté, ce dernier renvoyant à son double les informations liées à son utilisation dans la vie réelle. Ce modèle peut s’appliquer à de nombreux secteurs industriels. 

L'approche « digital twin » de PTC relie l'équipement physique à son modèle numérique.

Hier, lors d’un point presse à Paris, l’équipe de PTC France a fait un point sur l’évolution de son portefeuille applicatif qui s’est nettement complété dans cette direction avec les différentes acquisitions réalisées sur les deux dernières années : principalement Thingworx racheté en janvier 2014, mais aussi Adexa et sa connectivité sécurisée, Coldlight dans le big data et le machine learning, ainsi que Vuforia racheté à Qualcomm cet été qui lui apporte des outils de réalité augmentée. Beaucoup d’éléments ne sont plus directement au coeur du produit, mais déportés dans l’IoT, ce qui permet aussi d'étendre la capacité de service, a souligné hier Paul Grenet, vice-président de PTC EMEA. « En termes de business model, nous allons changer de façon importante, nous sommes dans un monde de partenariats, y compris avec nos concurrents ». En septembre, PTC et l’industriel GE ont fait alliance pour relier la plateforme IoT du premier à la suite Brilliant Manufacturing du second pour analyser les données remontées de la chaîne de fabrication et de logistique et les présenter dans des tableaux de bord au sein des usines. PTC vient aussi d’annoncer une alliance technologique avec Bosch Software Innovations. Un connecteur M2M, disponible sur la marketplace ThingWorx intègre la solution Bosch IoT Suite avec la plateforme IoT de PTC. En combinant les deux environnements, les développeurs pourront interconnecter les processus d’entreprises à des équipements hétérogènes. Le connecteur a déjà été testé dans le cadre du projet Track & Trace Testbed de l’Industrial Internet Consortium destiné à surveiller à la volée les matériels connectés pour en améliorer la maintenance prédictive.

La plateforme Thingworx de PTC va également s'intégrer avec celle de l'Américain ServiceMax qui fournit des solutions pour gérer les équipes de maintenance (crédit : D.R.)

Une gestion du cycle de vie « en boucle fermée » avec Windchill 11

Paul Grenet est revenu hier sur d’autres domaines déjà très connectés comme le monde agricole. Depuis un certain temps déjà, les tracteurs communiquent avec les systèmes de fertilisation et se connectent à des sources de données météo pour améliorer l’irrigation et économiser l’eau. Autre exemple du côté de l’industrie, avec les onduleurs Schneider, par exemple, pour lesquels la réalité augmentée sera utilisée sur les interventions de maintenance. Dans quelques jours, PTC va lancer Windchill 11, une version de sa solution de PLM désormais calée sur l’Internet des objets. Conçue pour rapprocher les mondes numérique et physique, l’application exploite la technologie Thingworx. Celle-ci apporte un environnement de développement d’applications pour intégrer les données des produits physiques, ainsi que des informations provenant d’autres sources (internes ou externes) afin d’en restituer des synthèses dans des tableaux de bord. Ces capacités ajoutées aux outils existants permettent de réaliser une gestion du cycle de vie des produits « en boucle fermée », décrit PTC. Les équipes de conception et celles chargées de la qualité pourront récupérer des données sur le comportement des produits « en activité » pour les améliorer en fonction de l’utilisation qui en est faite. Des modifications pourront aussi être apportées aux pièces pour réduire les coûts « tout en répondant aux exigences de conception », pointe PTC.

L’interface utilisateur apportée par Windchill 11 pour les tableaux de bord s’appuie sur un système de rôles. Chaque utilisateur accède ainsi aux données selon son profil et les opérations qu’il doit effectuer. Sur cette version, PTC a également fait évoluer les fonctions de recherche. Celles-ci sont affinées pour mieux filtrer les informations et retrouver plus rapidement des données produits spécifiques, explique l’éditeur. Enfin, PTC a intégré à sa solution des normes OSLC (Open Services for Lifecycle Collaboration) pour étendre les échanges avec d’autres applications. 

PTC poursuit sa mutation vers le modèle de souscription

Par ailleurs, PTC poursuit ainsi sa mutation vers le cloud. Comme tous les éditeurs transformant leur modèle de licence perpétuelle vers une utilisation des logiciels par souscription, l'entreprise traverse une période de réduction de ses marges. « L’annonce de ce modèle n’a pas eu d’impact sur notre cours de bourse et nous évaluons maintenant nos indicateurs de résultats non sur la marge mais sur les prises de commandes », indiquaient hier Paul Grenet et Emmanuelle Camus, DG de PTC France. L’offre de PLM classique reste disponible sur site et dans le cloud, mais parmi les dernières solutions sorties, certaines s’utilisent uniquement en ligne. « Le modèle de souscription sera de plus en plus attractif », ont assuré les dirigeants français. Si les grandes entreprises semblent suivre, avec des propositions flexibles leur permettant de rafraîchir leurs offres, le changement de modèle est un peu moins évident du côté des entreprises de taille intermédiaire qui passent par un réseau de distribution. « Nous visitons activement tous nos distributeurs pour leur expliquer », a précisé Emmanuelle Camus.