Qlik se présente maintenant comme une plateforme analytique cloud-first, en mode SaaS, à la suite d’une série d’acquisitions dont celle d’Attunity, la dernière en date, pour 560 M$, apporte des capacités d’intégration de données à son produit BI en self-service. Sur la conférence Qlik Qonnections, à Dallas, du 13 au 16 mai, Mike Capone, CEO de l’éditeur, a déclaré que l’association des outils de recherche (sourcing), de préparation et d’analyse des données au sein d’une seule plateforme avait créé une offre analytique unique. « C’est la seule plateforme de données de bout en bout de l’industrie », a-t-il asséné. Bien sûr, cette affirmation que Qlik est le seul à pouvoir prendre les données depuis leur forme brute sera contestée par ses concurrents, tant Microsoft que Tableau pour les principaux. Mais David Bolton, vice-président, des solutions sectorielles de Qlik, a assuré à nos confrères de Computerworld UK que l’offre holistique de l’éditeur était unique sur le marché.

Pour lui, Tableau se concentre majoritairement sur la BI en self-service. « Leur solution s’applique au moment où les données commencent à aller dans un tableau de bord, passent par la création d’une visualisation pour les utilisateurs, mais ils n’ont pas le « change data capture » [qui permet de suivre et capturer les modifications ayant eu lieu sur une table], la réplication ni l’alimentation provenant des systèmes sources. Il leur faudra utiliser un autre produit pour le faire. Et c’est là où nous sommes unique, parce que nous pouvons couvrir l’étendue de ces capacités », a indiqué David Bolton. A propos de Microsoft, le vice-président, solutions sectorielles de Qlik, reconnait que Power BI ou certaines capacités de visualisation sont en concurrence avec Qlik Sense. Mais, rappelle-t-il, quand il s’agit d’analyser les données, il faudra créer et alimenter des datawarehouses, des datamarts et sans doute structurer des cubes OLAP. « C’est un parcours complexe et coûteux à cause de toutes les technologies qui sont nécessaires pour y arriver. De nombreux outils seront requis - et certains d’entre eux ne sont même pas de Microsoft - pour commencer à ajouter et bâtir les mêmes capacités que nous apporterons avec Attunity. C’est vraiment là que se situe la différence », a expliqué David Bolton. 

Une stratégie de rachats complémentaires

Lorsque le fonds d’investissement Thoma Bravo a acquis Qlik autour de 3 milliards de dollars en 2016, le prédécesseur de Mike Capone au poste de CEO, Lars Björk, avait assuré aux investisseurs que les nouveaux propriétaires « un excellent historique d'investissement dans des entreprises technologiques exceptionnelles à long terme ». Cet engagement a été rempli depuis son remplacement par Mike Capone en janvier 2018. Ce dernier a supervisé trois acquisitions depuis son arrivée, dont celle d’Attunity ce mois-ci. La solution d’intégration de données vient s’ajouter aux capacités de gestion et catalogage de données que Qlik a récupéré en rachetant Podium Data en 2018, relancé sous le nom de Qlik Data Catalyst. Boris Evelson, analyste principal chez Forrester, avait souligné que l’opération Podium Data allait aider Qlik à affronter des rivaux mieux établis en lui permettant d’offrir une plateforme BI et ETL entièrement intégrée. « (…) cela prouve de nouveau que les acheteurs de solutions BI recherchent de plus en plus des plateformes et solutions de bout-en-bout, plutôt que des composants BI et ETL distincts qui doivent être intégrés », avait commenté l’analyste au moment de la transaction.  

Au début de l’année, Qlik a ajouté de l’analytique conversationnel lorsqu’il a mis la main sur Crunch Data, le développeur d’un chatbot qui utilise le traitement du langage naturel pour engager le dialogue avec les utilisateurs. L’aptitude à comprendre comment des utilisateurs humains parlent ou saisissent leurs questions aux claviers va jouer un rôle-clé dans les efforts entrepris pour démocratiser les données. Selon Gartner, d’ici 2020, 50% des requêtes analytiques seront générées à travers les outils de recherche, le NLP (traitement en langage naturel) ou la voix, ou bien seront automatiquement générées. Ces trois rachats ont permis à Qlik de déclarer qu’il offrait maintenant une plateforme de bout en bout qui couvrait l’intégration de données, la gestion, le catalogage et l’analytique dans un seul système qui rassemble des données dispersées tout en supportant les exigences de conformité dans un paysage où les règlementations sont de plus en plus strictes. Qlik espère que ses achats l’aideront la société à profiter du boom de l’analyse. Selon l'étude de Dara Bridge Market, le marché de la BI devrait passer d'une valeur estimée à 20,4 milliards de dollars en 2018 à une valeur projetée de 42,6 milliards de dollars en 2026.

Les différentes options de déploiement sont maintenues

Mike Capone a tenu à rassurer les clients. Alors que les fournisseurs et l’industrie dans son ensemble passent vers les modèles SaaS et cloud, Qlik continuera à supporter les autres options de déploiement, tout étant disponibles sur le même modèle de licences par abonnement. « Nous passons dans une activité cloud/SaaS-first, mais je serai clair : cela ne signifie pas uniquement cloud », a-t-il exposé. « Nous n’abandonnons pas notre architecture multi-cloud. Si vous voulez déployer sur site, c’est très bien. Si vous voulez déployer dans un cloud privé ou public, c’est très bien. Si vous voulez déployer dans notre environnement 100% cloud, c’est très bien aussi. Nous supporterons toute combinaison que vous pourrez envisager ». Le CEO a promis que Qlik aidera ses clients à passer à l’échelle et à migrer dans le cloud suivant leurs agendas respectifs. « Nous voulons le faire avec vous, pas vous l’imposer », a-t-il indiqué. « Le cloud présente un caractère un peu inévitable. Je pense que personne ne pourrait contredire le fait que de plus en plus d’activités et de décisions se passent désormais dans le cloud pour de plus en plus d’entreprises. Cela ne signifie pas que vous deviez y passer d’ici demain ». 

Mike Capone a exprimé les mêmes vues sur le futur du produit d’analyses guidées QlikView. Avec le temps, il souhaite que les clients aillent davantage vers les fonctions en serf-service de Qlik Sense, mais il n’a aucune intention de les forcer à migrer pour l’instant. Pour faciliter cette transition, Qlik a introduit une licence unique pour QlikView et Qlik Sense, des liens de Qlik Sense vers QlikView, une licence à double usage et des fonctionnalités de type Qlik-View dans Qlik Sense. « Le message que je veux vous laisser est que nous relançons cette offre avec beaucoup d’enthousiasme, mais quoi qu’il en soit, nous ne modifions pas notre position de travailler avec vous de la façon dont vous souhaitez le faire », a-t-il conclu.