Le cloud public n'est pas une panacée. Non seulement son adoption n'est pas si universelle que ce qui était attendu par certains analystes mais de nombreuses entreprises ont de fortes réticences à son endroit. La démarche la plus courante reste l'hybridité, le mix entre cloud privé, cloud public et infrastructures traditionnelles internes ou non. C'est ce que montre l'étude CIO « Quels critères orientent les choix d'infrastructure aujourd'hui ? » dont les résultats ont été présentés en ouverture de la CIO.expériences « Datacenters : les bons choix en 2020 - Arbitrer avec pertinence entre les clouds privé, public et hybride ».

Cette matinée, organisée par CIO à Paris le 23 janvier 2019, a permis d'écouter les témoignages et les interventions d'experts relatifs aux meilleures pratiques en termes de choix d'infrastructures. HPE/Intel, Infinidat, Insight/VMware, Nutanix, Pure Storage et Rubrik ont été les partenaires de cette conférence. Le Grand Témoin de la matinée a été Henri Pidault, CIO du Groupe SNCF et Directeur Général d'eSNCF, qui a éclairé de sa vision l'ensemble de la conférence, en plus, bien sûr, d'un témoignage centré sur le groupe SNCF.

« Hyperconvergence : oui, c'est rentable ! » a plaidé Aurore Duchanois, Category Manager Hyperconvergence chez Hewlett Packard Enterprise France


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Modalité possible pour optimiser les infrastructures IT, l'hyperconvergence peut être adaptée à toutes les entreprises selon la première experte à être intervenue lors de la matinée, Aurore Duchanois, Category Manager Hyperconvergence, Hewlett Packard Enterprise France. En effet, optimiser l'exploitation des données tout en assurant leur protection est un enjeu majeur. Pour atteindre ces objectifs, selon Aurore Duchanois, « l'hyperconvergence est une solution intelligemment simple, simple à déployer et simple à mettre à jour en un clic. »

Les outils connexes apportent une valeur complémentaire. Par exemple, la déduplication et la compression permettent de gagner de l'espace et donc de réaliser des économies. De même, Infosight est une IA qui apporte des recommandations sur l'administration des noeuds ou l'évolution de l'infrastructure et les facilite donc. L'hyperconvergence peut aussi se révéler source d'économies. Ainsi, la mise en place d'un PCA/PRA peut se faire dès deux noeuds hyperconvergents sans matériel complémentaire, donc avec un ticket d'entrée faible, chaque noeud pouvant être situé dans un site séparé de l'autre.

Vincent Vaurette, Responsable Infrastructures à l'Unesco, a témoigné de la mise en oeuvre de l'hyperconvergence pour garantir la performance de l'infrastructure

Mettre en pratique ces principes, c'est précisément ce qu'a fait l'Unesco, une agence des Nations Unis dédiée à l'éducation, la science et la culture dont le siège est à Paris et qui dispose d'une soixantaine d'établissements dans le monde, essentiellement dans les pays en voie de développement. A de rares exceptions près, l'informatique de chaque établissement est gérée et administrée depuis Paris. Vincent Vaurette, Responsable Infrastructures à l'Unesco, a été le premier témoin de la matinée et a détaillé comment une petite équipe d'une dizaine de personnes parvenait à remplir tous les objectifs assignés.
La bureautique est dans le cloud, avec Office365. Quelques applicatifs métiers ont été développées en .Net et la gestion est sous SAP. L'essentiel des données relève donc de la comptabilité, de la GRH... Sur 300 serveurs, 60 % sont virtualisés avec VMware. Pour faciliter la gestion, notamment des sites distants, la virtualisation est appelée à se développer. En 2016, l'architecture traditionnelle (SAN, serveurs...) arrivait en fin de maintenance. En recherchant une évolution, l'hyperconvergence a été repérée comme une opportunité pour simplifier la mise en oeuvre, notamment dans les sites distants. En l'occurrence, l'appel d'offres a été remporté par HPE Simplivity.

« Cloud Data Management : comment gérer, protéger et automatiser vos données et applications dans des environnements multi-cloud » a expliqué Pierre-François Guglielmi, Technical Manager Partner Solutions chez Rubrik


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Une autre manière d'optimiser les infrastructures est de recourir à une architecture de type cloud. Pierre-François Guglielmi, Technical Manager Partner Solutions chez Rubrik, a présenté les outils de Cloud Data Management, notamment pour protéger le patrimoine data. Et, pour bien comprendre l'utilité de ces outils, Pierre-François Guglielmi a présenté les usages au sein de la compagnie aérienne ASL Airlines. Au sein d'une telle société, la disponibilité IT est critique : elle atteint 99,99 %. Un incident a rapidement des impacts sur les départs des avions et donc les résultats. Le SI est complexe : cloud privé, bureautique en SaaS (Office 365), hyperconvergence Nutanix, services managés chez OVH, hébergement sous AWS et Google Cloud Platform... Il en résulte un cloud hybride multi-site international (France, Irlande, Belgique, Suisse).

Plusieurs difficultés provenaient de cette architecture, notamment en matière de sauvegarde et de PCA/PRA. Le process lui-même avait un impact sur la disponibilité et, faute de compression, le stockage des sauvegardes était non-optimisé. Le temps d'administration de ces sauvegardes était devenu rédhibitoire au point de nécessiter une externalisation. « ASL Airlines a opté pour Rubrik en 2017 et l'a généralisé en 2018 pour simplifier tout cela » a mentionné Pierre-François Guglielmi. Tout a été réduit : les volumes (par la déduplication), l'impact sur les process de sauvegarde, les temps d'administration (-90% !)... et une IA analyse en plus les comportements pour repérer les anormalités (notamment celles dues à l'activité d'un ransomware).

« Le stockage multi-Cloud Hybride à la demande » a été présenté par Gabriel Ferreira, Directeur Technique de Pure Storage.


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L'éditeur de logiciels et de plates-formes de stockage flash Pure Storage est arrivé récemment sur le marché. Pour se faire une place, l'innovation technologique et commerciale est nécessaire pour s'imposer. « En 13 ans, les performances des matériels de stockage ont été multipliées par 200 mais, en six ans, sa consommation électrique a été divisée par 100 et son volume physique par 250 » a relevé Gabriel Ferreira, Directeur Technique de Pure Storage. Pour lui, il y a donc une évidence : « le datacenter évolue et va continuer d'évoluer fortement ».

Avec le cloud public, le stockage devient un service et l'utilisateur n'a pas à s'occuper de l'infrastructure. D'où l'envie de dupliquer une telle approche on premise, sas les risques liés au cloud public. Il s'agit de se doter d'une capacité d'évolution du matériel, intégrée dès l'acquisition. C'est un modèle économique et technique qui a été choisi par Pure Storage.

Rodolphe Sallio, CTO de Damart, a témoigné de la manière d'adopter sereinement le cloud public

Créé en 1953, Damart est présent principalement en France, Belgique, Suisse et Grande-Bretagne. « Nous vendons des produits de confort, qui allient design et bien-être, des produits techniques que nous fabriquons et distribuons » a rappelé Rodolphe Sallio, CTO de Damart. Précurseur de la vente à distance, l'entreprise possède aussi un réseau de boutiques et a été parmi les premières à se lancer dans le e-commerce. Bien entendu, la société possédait un SI essentiellement on premise, issu d'un long historique avec de nombreuses applications en avance du marché... au moment de leur écriture. Il en résultait une grande hétérogénéité et une forte obsolescence technique. Et la direction générale s'est rendu compte d'un problème quand, au moment de relancer la marque, l'IT s'est révélé être le frein à toute transformation. Cela a abouti à un plan de transformation IT pour disposer d'un SI agile, flexible et fiable.

Sécuriser et fiabiliser l'infrastructure est passé par du cloud privé. Le recours à un partenaire, Atos, a ouvert sur l'usage du cloud public, essentiellement pour les renouvellements applicatifs. A côté des historiques, les toutes dernières technologies sont désormais massivement utilisées. Le plus souvent, il a été nécessaire de créer de nouveaux modules à côté des anciens avant d'assurer des bascules module par module. Rodolphe Sallio a détaillé les choix d'architecture opérés et les raisons de ces choix mais aussi les pièges à éviter.

Les « Solutions d'infrastructures et modèles économiques pour la mise en place d'un cloud de type privé ou hybride » ont été détaillées par Jean-Philippe Pouquet, Responsable Commercial d'Infinidat France


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Des sociétés qui ont une histoire et ont connu quelques vicissitudes, il en existe un certain nombre. Mais, depuis l'an 2000, les marques les plus puissantes dans le monde ont bien changé : beaucoup n'existaient simplement pas le siècle dernier. Amazon n'apparaît dans le classement que vers 2013. « Les entreprises qui connaissent le plus grand succès sont celles qui ont transformé le modèle économique » a observé Jean-Philippe Pouquet, Responsable Commercial d'Infinidat France. Conjointement, la transformation IT a largement reposé sur le cloud. Pour Jean-Philippe Pouquet, « cloud public et cloud privé ne s'opposent pas mais se complètent. » Pour beaucoup d'applications, la ligne de démarcation n'est d'ailleurs pas si nette et l'hybride s'impose.
Pour 2020, le défi à relever est bien de répondre aux exigences sans cesse plus hautes des utilisateurs qui veulent des outils conviviaux sans attendre. La tentation du cloud public est alors forte mais il ne répond pas forcément à tous les besoins. Il est donc nécessaire d'être agile, même en dehors du cloud public afin de garantir la souveraineté, la récupération, la sécurisation, la confidentialité... Créé en 2011, Infinidat s'est donné pour mission d'optimiser le stockage, notamment en ayant recours à l'IA et en facturant les infrastructures on premise à l'usage réel.

« Cloud hybride, le modèle idéal pour vos ressources IT » a argumenté Bruno Picard, Systems Engineering Director France chez Nutanix


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L'appétence au cloud, au sens large du mot (public, privé...), est l'objet d'une enquête annuelle de Nutanix, le Nutanix Enterprise Cloud Index. Bruno Picard, Systems Engineering Director France chez Nutanix, est venu en présenter les grands résultats. « 85 % des répondants jugent que le cloud hybride est le modèle idéal » a rapporté Bruno Picard. Le cloud public permet de gagner en flexibilité mais il n'est pas possible de se passer de l'edge computing, notamment pour traiter des données IoT. De même, les applicatifs ne font pas qu'être sur tel ou tel des types d'infrastructures : elles peuvent se scinder et se répartir pour respecter des contraintes variées, notamment en matière de sécurité.
Les entreprises ont besoin de flexibilité mais aussi de réversibilité, d'indépendance du fournisseur. Cela implique le besoin de respecter des standards, ce que Bruno Picard illustre : « quand on utilise Kubernetes quelque part, il faut que ce soit migrable sans difficulté. » Quand l'environnement applicatif est stable, le cloud public est plus coûteux que l'on premise. C'est ce qui explique que 73 % des répondants ont rapatrié des applicatifs du cloud public vers l'on premise. Maîtriser le SI, c'est justement être en mesure d'arbitrer à tout moment entre les possibilités selon les coûts et les autres contraintes. L'approche par l'hyperconvergence, proposée par Nutanix, amène cette grande indépendance vis-à-vis du matériel et des hébergements.


Henri Pidault, CIO du Groupe SNCF et Directeur Général d'eSNCF, a été le Grand Témoin de la matinée.


Henri Pidault, nouveau CIO groupe de la SNCF et Directeur Général de eSNCF, a été le Grand Témoin de la matinée. Il a bien sûr commencé par présenter l'évolution du groupe avec la réforme au 1er janvier 2020. De la gestion des réservations sous grands systèmes aux applications digitales de Oui.SNCF, le groupe possède une variété de systèmes et d'infrastructures pour couvrir une longue histoire et des cas d'usage d'une très grande variété. 5 milliards de personnes sont transportées par la SNCF chaque année dans le monde dans 15 000 trains et 100 000 bus par jour dont 33 % du chiffre d'affaires à l'international via Keolis et Geodis.
Lors de son témoignage, il est ainsi revenu sur les innovations informatiques successives en lien avec l'évolution business. Et comment, aujourd'hui, les choix stratégiques sont arbitrés.

« Clouds privés, publics ou hybrides : doit-on encore choisir ? » ont interrogé Hervé Oliny, vSAN/HCI Presales Manager chez VMware (à droite) et Daniel Gonzalez, Alliances and Solutions Sales Director d'Insight France (à gauche)


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Parmi les évolutions connues récemment et à la base du cloud, il y a bien sûr la virtualisation. VMware en est le leader mondial depuis une vingtaine d'années. Les hyperviseurs peuvent cependant être variés : un leadership n'est pas un monopole. Et, si le cloud privé respecte des choix que l'utilisateur a fait, ce n'est pas le cas du cloud public. Pourtant, il faut pouvoir faire fonctionner l'un avec l'autre. « Cloud privé ou cloud public, il y a des bénéfices des deux côtés » a rappelé Hervé Oliny, vSAN/HCI Presales Manager chez VMware. Pour obtenir le meilleur de chaque monde, il faut bien sûr les mixer, ce que l'on nomme le cloud hybride. Et, on l'a déjà dit, la maîtrise suppose la facilité à arbitrer à tout moment, donc à migrer aisément sans perdre en scalabilité ou en agilité.
Conseiller sur l'évolution des architectures actuelles et futures, mettre en oeuvre cette stratégie et enfin gérer au quotidien cette infrastructure sont les trois temps à respecter dans l'optimisation des infrastructures. C'est pourquoi VMware était accompagné sur la matinée par Insight. « L'intégration globale est notre positionnement » a rappelé Daniel Gonzalez, Alliances and Solutions Sales Director d'Insight France.

La table ronde « Comment arbitrer les choix d'infrastructures en 2020 ? » a réuni Jean-Yves Caro, Responsable des Infrastructures d'Eiffage (à droite), et Michel Daviot, CTO de Colisweb (à gauche).

Pour terminer la matinée, la table ronde « Comment arbitrer les choix d'infrastructures en 2020 ? », centrée sur les enjeux, les risques, les bénéfices et les limites des technologies disponibles, a réuni Jean-Yves Caro, Responsable des Infrastructures d'Eiffage, et Michel Daviot, CTO de Colisweb. Pour le premier, l'objectif était de répondre au mieux aux exigences des utilisateurs en recourant à du stockage flash mais aussi à un module économique évolutif du stockage. Pour le second, il s'agissait de superviser globalement des infrastructures dans le cloud public utilisant des technologies récentes.
Comme pour chaque CIO.expériences, le mot de conclusion est revenu au Grand Témoin, Henri Pidault. Il est revenu sur la nécessité de mettre en oeuvre un numérique responsable, à tout point de vue, pas seulement écologique. La responsabilité, c'est aussi de maîtriser les coûts, surtout quand on utilise des infrastructures « à la demande ».