VMware accuse l'Allemand Siemens d'entraver le déroulement du procès civil opposant les deux sociétés aux Etats-Unis. Dans une lettre déposée le 6 juin devant un tribunal américain du Delaware, le spécialiste de la virtualisation, désormais détenu par Broadcom, explique que le géant allemand tente de « retarder la découverte [des faits, NDLR] et l'avancement du procès », des tentatives que VMware juge « cohérentes avec le comportement qui a conduit à cette action en justice ». En mars, l'éditeur a entamé, devant une cour de justice du Delaware, aux Etats-Unis, un procès contre l'industriel affirmant que ce dernier avait demandé des services de support pour des logiciels VMware qu'il n'avait jamais achetés.

L'affaire trouve son origine dans la volonté de Siemens d'obtenir une extension de support d'un an sur un ensemble de produits VMware exploités en interne, dans le cadre d'un contrat de 2012 portant sur des licences perpétuelles et prenant fin en septembre 2024, mais comportant une extension optionnelle d'un an. C'est cette clause que le géant allemand a voulu activer. Sauf que l'éditeur affirme que la liste de produits, transmise en appui de cette demande, révèle que Siemens AG et six de ses filiales ont « téléchargé, copié, distribué et déployé des milliers de copies de produits VMware » pour lesquels ils n'avaient jamais acheté de licence. La plainte mentionne 1400 instances VMware qui auraient été opérées sans avoir été prévues au contrat.

Le litige doit se régler en Allemagne, selon Siemens

Toujours selon la plainte de l'éditeur, le géant allemand a transmis, un mois plus tard, une liste révisée de produits « plus proche des enregistrements de VMware concernant les licences de Siemens », sans s'expliquer sur ce prétendu pas de deux et en refusant tout audit indépendant. En attendant le verdict du tribunal, VMware assure les services de maintenance des environnements de Siemens à titre provisoire, mais a indiqué se réserver le droit de demander des compensations futures.

Le 10 juin, Siemens a répliqué à l'éditeur, via une réponse adressée à la juridiction du Delaware dans laquelle le conglomérat allemand, employant près de 330 000 personnes, réfute les arguments de VMware, affirmant avoir « expliqué à plusieurs reprises à VMware pourquoi ses allégations étaient incorrectes ». Siemens demande aussi et surtout l'abandon de la plainte de l'éditeur au Delaware, soulignant que son contrat avec l'éditeur prévoit que tout litige découlant des accords de licence doit être présenté devant un tribunal allemand. « Le tribunal approprié pour prendre cette décision est - comme les parties l'ont convenu il y a des années - à Munich, en Allemagne », assurent les avocats de la firme européenne. Et de résumer ainsi sa vision de l'affaire : « VMware cherche à plaider devant cette cour [du Delaware, NDLR] un litige dont elle a convenu qu'il relevait des tribunaux allemands, contre un défendeur allemand sur lequel cette cour n'a pas de compétence, et concernant des actions présumées qui ne peuvent pas porter atteinte au copyright américain parce qu'elles ont eu lieu en dehors des États-Unis. » Dans sa plainte, VMware cible le groupe allemand, mais aussi six de ses filiales enregistrées au Delaware ou y ayant des activités, s'appuyant sur cet état de fait pour opter pour une cour de cet état américain.

AT&T a accepté un règlement amiable

Le procès opposant VMware à Siemens AG est la seconde affaire médiatique aux Etats-Unis touchant le spécialiste de la virtualisation depuis son rachat par Broadcom, pour 61 Md$. En novembre dernier, l'opérateur télécoms AT&T, qui avait déposé plainte contre VMware pour violation des clauses de con contrat, a accepté le principe d'un règlement amiable avec Broadcom. A l'origine de cette affaire, se trouve une notification de Broadcom mettant fin brutalement au support des quelque 75 000 VM réparties sur 8 600 serveurs que fait tourner l'opérateur.

En France, rappelons que Thales a obtenu une première victoire contre l'éditeur, le juge des référés imposant en juillet dernier à VMware-Broadcom de poursuivre l'exécution des contrats signés avec le groupe français, sous peine d'astreinte. En septembre dernier, Orange avait également poursuivi l'éditeur devant le juge des référés afin de le pousser à honorer une prolongation de maintenance prévue à son contrat.