Même si Microsoft n'est pas encore au centre de l'arène Saas (Software as a service) dans laquelle évoluent les éditeurs qui fournissent leurs applications en ligne et à la demande, comme un service, l'éditeur de Windows envisage cette façon de vendre ses logiciels comme un bon moyen d'augmenter son chiffre d'affaires. C'est en substance les propos tenus par l'un de ses représentants, à l'occasion du SaaS Summit 2007 qui s'est tenu à Monterey (Californie), du 14 au 16 mars. Cliff Reeves est responsable chez l'éditeur de l'équipe chargée de découvrir de nouveaux gisements de développement. Pour lui, Microsoft est bel et bien un acteur de la sphère SaaS. Entre des applications comme la plateforme Office Live, les services hébergés autour de la messagerie Exchange et le futur Dynamics CRM Live (présenté au même moment par le PDG Steve Ballmer à la conférence utilisateurs Convergence), Microsoft possède déjà un ensemble important de produits délivrés sous forme de services. « Un éventail plus significatif que la plupart des autres acteurs intervenant sur le marché SaaS, juge Cliff Reeves. C'est une source de croissance financière énorme pour nous. » Il évoque aussi une autre piste qui conduirait Microsoft à développer des versions hors-ligne pour les applications SaaS. Microsoft prévoit des partenariats pour fournir d'autres types de services applicatifs. Cliff Reeves cite des accords avec Rearden Commerce qui propose de gérer les achats de fonctionnement (procurement) en ligne, ainsi qu'avec American Express qui complète cette offre avec des outils d'analyse de données. Etre capable de transformer un essai d'utilisation en abonnement payant Pour preuve de l'intérêt des grandes fournisseurs pour les applications en ligne, alors que le SaaS Summit battait son plein, Cisco annonçait son intention de racheter, pour 3,2 milliards de dollars, la société WebEx qui délivre des services de collaboration en ligne sur le modèle SaaS. « La démarche SaaS va plus loin que la simple fourniture de logiciel à un client, estime Treb Ryan, PDG d'OpSource, organisateur du SaaS Summit et lui-même hébergeur et pourvoyeur de services pour les éditeurs souhaitant proposer leurs produits en ligne. Selon lui, un fournisseur de solutions SaaS doit penser comme une entreprise dont le modèle d'activité repose sur le Web, c'est-à-dire être sans cesse à la recherche de meilleurs modes de fonctionnement, recourir aux développements itératifs, mettre l'accent sur le marketing et la recherche de nouveaux utilisateurs. « Les meilleurs éditeurs SaaS sont ceux qui offrent le plus de facilités aux entreprises et aux utilisateurs pour accéder à leurs produits et les tester et qui, ensuite, sont capables de transformer cet essai en abonnement payant. » Le mode SaaS permet aussi aux utilisateurs de se conformer aux réglementations légales ou administratives (celles imposées par la loi Sarbanes-Oxley, par exemple). Treb Ryan pointe aussi l'intérêt du concept SaaS 2.0 qui permet aux applications SaaS d'être reliées à d'autres services sur le Web pour disposer de fonctions comme la facturation et la gestion de documents. « Cela permet aux éditeurs de logiciels en ligne de se concentrer sur les domaines qu'ils maîtrisent le mieux ». Distribution indirecte : des services à la clé Pour Ken Rudin, PDG fondateur de LucidEra, fournisseur de fonctions décisionnelles en ligne, le modèle SaaS, ou « à la demande », dépasse largement la notion d'hébergement de logiciel. L'hébergement consiste simplement à déplacer le lieu d'exploitation du logiciel, des locaux de l'entreprise à ceux de l'hébergeur. Or, fournir un logiciel « à la demande » ne se limite pas à cela. Ce type d'application se doit avant tout d'être simple dans sa mise en route, dans son utilisation et dans son mode d'achat. Quand on lui demande quels sont les logiciels qui conviennent le mieux à ce mode d'utilisation, il répond par une question : « je demanderais plutôt, quels sont les produits dont l'exploitation ne se ferait pas plus facilement sous forme de service ? ». Argument que réfute Mark Binford, responsable du développement commercial chez BMC. « Je ne partage pas l'idée selon laquelle n'importe quelle solution serait plus facile à utiliser sous forme de service. Les logiciels installés de façon classique, dans l'entreprise, vont continuer à être utilisés sous cette forme pendant très longtemps, selon moi. » BMC édite des logiciels de gestion des services et voit surtout dans le mode SaaS un moyen d'accéder au marché des PME. Sur le plan de la commercialisation des logiciels, enfin, le modèle SaaS pose quelques problèmes lorsqu'il s'agit de s'appuyer sur un réseau de distribution indirect. Les revendeurs ont l'habitude de vendre le logiciel en réalisant une marge. Or, dans un monde SaaS, il faut passer de la vente de licence classique à la fourniture d'un contrat de valeur globale. Pour s'y retrouver, les revendeurs doivent donc apporter en plus des prestations de conseil.