D’après Matt Calkins, CEO d'Appian, éditeur de solutions low-code et de gestion des processus métiers (BPM), les entreprises continuent à se débattre avec la « dette technique », avec des structures IT surdimensionnées pour leurs besoins opérationnels, qui deviennent difficiles à maintenir. « Les clients avec lesquels nous parlons aimeraient bien consolider leurs applications - de l’ordre d’un millier ou pas loin - mais ils ne peuvent pas les désactiver, car ils en ont besoin pour exécuter une ou plusieurs tâches », a expliqué Matt Calkins à nos confrères de Computerworld UK lors d'un déjeuner de presse organisé par Appian Europe à Londres. « Souvent, ils ne peuvent même pas les changer. Ils sont coincés avec un code écrit pour d’anciennes priorités. [Les applications] ne s'intègrent pas bien, les utilisateurs détestent leur interface et ils sont obligés de se connecter séparément. Sans parler de nombreux autres problèmes. Mais ils ne peuvent pas s'en débarrasser ».

A travers sa plateforme, Appian propose aux entreprises de construire rapidement des applications adaptées à leurs besoins grâce à un processus simplifié de type pipeline. Selon une étude réalisée aux États-Unis en collaboration avec IDG, « les entreprises IT passent 50 % de leur temps à coder de nouvelles applications et des améliorations, mais 2/5e de leur temps de développement est perdu en dette technique ». L’étude précise que l'impact global de cette dette technique sur l'activité mondiale se traduit par des dépenses opérationnelles plus élevées, des améliorations logicielles simples qui prennent plus de temps que prévu, une réduction des performances et de l'évolutivité, et des délais de mise sur le marché plus longs.

Les développements visent à améliorer l'expérience client

Bien sûr, le fournisseur a intérêt à faire valoir que la manière courante de construire les applications est loin d'être idéale. Et selon Appian, 50 % des nouvelles applications sont développées en vain. Matt Calkins explique cet échec par trois raisons : « Parfois, elles ne sont plus supportées financièrement, parfois elles ne sont jamais achevées, parfois elles ont été finalisées, mais elles n'ont pas été bien accueillies et ont été supprimées ». Il estime qu'en pourcentage, ces trois situations pèsent à peu près le même poids, de l'ordre de 15 % chacune, selon lui. « Par échec, il faut comprendre que c’est un Net négatif pour les entreprises : ce n’est pas que l’application a fonctionné pendant un certain temps, avant que l’entreprise ne cesse de l’utiliser, ce qui aurait été un succès. Elle n’a jamais fonctionné ».

Pour Matt Calkins, ce basculement récent vient du fait que le développement de technologie ne vise plus à réduire les coûts, mais à améliorer l'expérience client. « Auparavant, la technologie avait principalement pour but de réduire les coûts au niveau du back-office. Aujourd’hui, la tendance technologique est en priorité axée sur l'expérience client - c'est un changement intéressant », a-t-il déclaré. « Cela implique que notre approche actuelle du développement de logiciels n'est plus appropriée - parce que notre approche actuelle est lente ». Ces remarques font écho à ce qu’a récemment déclaré le CTO de Puppet, Deepak Giridharagopal, à nos confrères de Computerworld UK. Selon lui, les entreprises cherchent surtout à étendre rapidement leur empreinte applicative plutôt qu’à s'occuper de leurs actifs hérités. « Aujourd'hui, le développement logiciel prend beaucoup de temps, parfois des années, et reste fidèle au modèle en cascade », a encore déclaré Matt Calkins. « C'est un raccourci pour faire des économies, mais il n’est pas suffisamment rapide pour plaire aux goûts changeants des clients. Les clients veulent toujours quelque chose de nouveau, et leur goût est très fluctuant. Il faut donc adopter de nouveaux comportements pour suivre les tendances des clients. Et si l’on pense que la priorité numéro un en terme de développement d’applications et de transformation digitale est de satisfaire le client, l’approche actuelle est beaucoup trop lente ».