Le marché du sourcing IT, comprenant outsourcing et prestations « as a service », s’est profondément transformé ces dernières années avec le développement des offres cloud, IaaS, PaaS et SaaS. « Il y a beaucoup de mouvements et les fournisseurs de services d’outsourcing ont dû recaler leurs offres avec l’arrivée de nouveaux entrants, éditeurs de logiciels SaaS et purs fournisseurs de clouds comme AWS », nous a expliqué Lyonel Roüast, partner et président d'ISG SEMEA (Europe du sud, Moyen-Orient, Afrique)*, cabinet de conseil qui aide les entreprises à optimiser leurs opérations et leurs stratégies d’achats de services IT. « Cela enrichit le spectre pour un DSI qui doit sourcer ses opérations », souligne-t-il en pointant : « Comment passer dans le cloud, que faut-il faire as-a-service, par exemple sur les ressources humaines avec l’effet Workday, quelle est la meilleure combinaison de sourcing ? ». L’index réalisé chaque trimestre par ISG suit l’évolution de ce marché en couvrant les fournisseurs d’outsourcing classiques, mais aussi les contrats de services cloud et les éditeurs SaaS. 

Une autre évolution vient par ailleurs impacter l'externalisation. « Auparavant, lorsque vous outsourciez une paie ou des pans entiers de votre système d’information, il y avait la composante offshore. Il y a maintenant l’automatisation, la robotique », nous a expliqué Lyonel Roüast. Les sous-traitants indiens ne recrutent plus, mais développent des simulations de fonctions chez les clients, au lieu d’employer des intervenants à bas coûts qui saisissent les données. Pour éviter l’écriture d’interfaces, les sous-traitants recourent à des gestionnaires de règles qui vont permettre de prendre les données structurées et de les réinjecter dans une autre application. « L’offshore n’est donc plus la seule option, il y a maintenant d’autres solutions et cela va redessiner l’offre de services des fournisseurs dans le tertiaire », constate le président d’ISG SEMEA. Pour refléter ces changements, le cabinet de conseil prévoit d’ailleurs de suivre ce marché en produisant dans quelques mois un index sur l’automatisation dans le tertiaire. 

En France, les grandes entreprises revisitent leurs achats de services

L’index ISG EMEA (Europe, Moyen-Orient, Afrique) évalue le marché du sourcing d’une valeur supérieure à 4 millions d’euros sur l'outsourcing traditionnel et le « as-a-service » (reposant sur un abonnement en ligne). Il s’établit à 3,1 milliards d’euros sur le 3ème trimestre 2016, ce qui correspond à une progression de 10% sur chacun de ces deux marchés par rapport au 3ème trimestre 2015. L’Index ISG EMEA Q3 2016 a par ailleurs progressé de 22% par rapport au trimestre précédent. Il y un fort essor du cloud sur la région. « Ce marché est dopé au SaaS », nous a commenté Lyonel Roüast. En France notamment, « le fait que les grandes entreprises revoient le design de leur sourcing stratégique, cela crée des projets », explique-t-il. Du côté des fournisseurs, il y a également un mouvement vers le cloud pour réduire leurs coûts.

Sur le marché français, la valeur annuelle des contrats a progressé de plus de 50%, de même que leur nombre par rapport aux niveaux de performance moyens de 2015. « La valeur des contrats à la hausse est dopé par la forte progression du SaaS », précise le président d’ISG SEMEA en ajoutant que cela allait probablement conduire le cabinet à réviser ses prévisions sur 2016 en France. 

Pas d'impact du Brexit en 2016 sur les décisions de sourcing

Sur l’ensemble de la région EMEA, le nombre de contrats a augmenté de 13% au 3ème trimestre 2016, indique l'index ISG. Le marché dominant est celui de la zone Allemagne/Autriche/Suisse avec 157 contrats signés depuis le début de l’année. La valeur annuelle de 2,2 Md€ y a progressé de 44% par rapport à 2015, en grande partie ici grâce au marché traditionnel de l’externalisation. A l'inverse, ce dernier est resté morose au Royaume-Uni, tandis que le segment as-a-service a crû de 17% outre-Manche sur le 3ème trimestre par rapport à l’an dernier. 

Enfin, la décomposition par secteurs de l’index ISG EMEA montre le dynamisme de la fabrication industrielle avec une valeur annuelle des contrats supérieurs à 1,5 MdE (+116% par rapport à 2015) et un nombre de contrats en hausse de 62%. Dans les services aux entreprises et le retail (vente au détail), on constate une augmentation de 69% et 50% sur la valeur annuelle des contrats, alors que les secteurs des transports et des services financiers enregistrent tous deux un recul, de 25% pour l’un et 6% pour l’autre. Le Brexit ne semble pas avoir d’impact sur les décisions d'externalisation en 2016. En conclusion, ISG EMEA prévoit des gains sur le marché sur l’ensemble de l’année.

(*) ISG a racheté le spécialiste du conseil en outsourcing TPI, ainsi que Compass, qui intervient sur les performances des systèmes d’information, les fonctions support, les achats de prestations RH et l’externalisation de processus métiers incluant les télécommunications.