C’est la première fois que la justice va devoir trancher une affaire de harcèlement moral aussi importante. Ce lundi s’ouvre le procès des suicides chez France Télécom – aujourd’hui Orange – qui avait défrayé la chronique en 2008-2009 et rebondi en 2016. Sont mis en cause le PDG de l’époque, Didier Lombard, son numéro deux, Louis-Pierre Wenes, Olivier Barberot, ancien DRH, quatre autres cadres pour « complicité » et France Télécom en tant que personne morale. Les premiers risquent 15 000 € d’amende et un an de prison quand l’entreprise encourt 75 000 € de sanction.

Pour rappel, en 2009, le suicide d’un mécanicien marseillais était le premier révélé d’une série de près de 20 suicides et 12 tentatives ayant eu lieu entre 2008 et 2009, confirmés lors de l’instruction. Huit autres personnes sont tombées en dépression. En cause, le plan Next et sa branche RH ACT. Mis en place en 2005 et 2006 par l’administration Lombard, après la privatisation de l’opérateur, ces programmes prévoyaient la suppression de 22 000 postes sur 120 000 employés, et plus de 10 000 changements de métier.

Une réorganisation perçue comme un plan social déguisé

Les cadres de France Télécom sont mis en cause principalement pour harcèlement moral. Les choix stratégiques de la transformation de l’entreprise à l’époque n’ont pas été remis en cause par les juges d’instruction, « mais la manière dont la conduite de cette restructuration a été faite ». Cette réorganisation, perçue comme un plan social déguisé, était quasiment impossible à réaliser comme 65% du personnel était fonctionnaire. Et a entrainé « des réorganisations multiples et désordonnées », « des mobilités géographiques forcées », « des incitations au départ », etc.