C'est une délicate page judiciaire qui pourrait bien de nouveau s'ouvrir. Le 22 juin, le parquet de Paris a demandé dans ses réquisitions l'ouverture d'un procès pour harcèlement moral à l'encontre de plusieurs anciens cadres dirigeants de France Télécom, à savoir Didier Lombard (ex PDG), Louis-Pierre Wenes (ex directeur général adjoint) ainsi qu'Olivier Barberot (ex directeur des ressources humaines). Quatre autres anciens cadres de l'opérateur télécom sont également visés par l'ouverture d'un procès, cette fois pour complicité de harcèlement moral : deux directeurs territoriaux (Nathalie Boulanger et Jacques Moulin), le DRH France (Guy-Patrick Cherouvrier) ainsi que l’ex-directrice du programme Act, Brigitte Bravin-Dumont.

« Ce réquisitoire est une grande satisfaction même s'il comporte des lacunes, en l'absence des qualifications d'homicides involontaires et de mise en danger de la vie d'autrui », a réagi auprès de l'AFP Jean-Paul Teissonnière, avocat d'une dizaine de parties civiles et du syndicat SUD-PTT, à l'origine d'une plainte en septembre 2009. Entre 2008 et 2009, une vague de suicides a concerné selon direction et syndicats 35 salariés de France Télécoms, nombre d'entre eux s'étant sentis « poussés à bout », eu égard à des méthodes managériales qualifiées à l'époque par l'inspection du travail de brutales. « En 2007, je ferai les départs d'une façon ou d'une autre, par la fenêtre ou par la porte », avait indiqué Didier Lombard en octobre 2006 devant des cadres supérieurs et dirigeants de France Télécom.

Les suites judiciaires des suicides à France Télécom ne sont toutefois pas certaines. L'ouverture du ou des procès pour harcèlement et/ou complicité d'harcèlement moral dépendra de la décision du juge d'instruction qui sera alors seul à pouvoir ordonner un procès ou bien un non-lieu.