Le travail à distance ne rime pas toujours avec un juste usage des outils collaboratifs. Dans son dernier rapport, Vyopta, éditeur américain de logiciels de collaboration, indique qu’un manager sur quatre affirme avoir licencié des employés pour des gaffes commises lors de chats audio ou vidéo. L’enquête, menée par Wakefield Research, et réalisée auprès de 200 cadres américains d'entreprises de 500 employés ou plus entre le 30 juillet et le 10 août a mis en lumière toutes les conséquences du travail à distance et hybride.

La découverte du télétravail pour certains employés et de l’explosion de l’utilisation des outils collaboratifs a également donné lieu à une prise de conscience générale : se créer un environnement de travail chez soi n’est pas toujours chose facile. Durant les différents confinements, plusieurs réunions en visioconférence ont été dérangées par l’apparition d’enfants, d’animaux domestiques, etc. Parfois drôles ou surréalistes, ces moments ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Ce dont on se doute moins, ce sont les licenciements dus à une erreur commise durant une réunion audio ou en visio.

L'employé, responsable de tous les maux 

En outre, près d'un quart des personnes interrogées ont déclaré avoir vu un employé se faire licencier en raison d'erreurs commises lors d'une vidéoconférence ou d'une audioconférence. Il semble que les chefs d'entreprise attendent des employés qu'ils se débrouillent - ou qu'ils en paient le prix. Plus surprenant encore, il n'y a pas que les licenciements qui montent en flèche : 83 % d’entre eux ont vu un employé faire l'objet de mesures disciplinaires. Les principales mesures prises par les cadres à la suite d'une erreur d'appel ou de vidéoconférence sont les suivantes : confier la responsabilité de gérer ou d'animer des réunions ou des appels à un autre membre du personnel (53 %), donner une réprimande informelle (40 %) ou formelle (38 %) et retirer un membre de l'équipe d'un projet (33 %).

On ne peut qu’imaginer les conséquences sur certains accords ou partenariats mais ce type de mesure paraît excessif. Près d'un tiers des cadres interrogés affirment avoir perdu un client ou une opportunité commerciale à cause de problèmes de technologie ou de connexion. 41% d’entre eux ont répondu avoir manqué une échéance de projet du fait d’une erreur commise. En France, la réglementation est claire à ce sujet : « un licenciement pour insuffisance professionnelle serait possible si 1/ les erreurs sont régulières 2/ l'utilisation de l'outil est compatible avec le poste du salarié (niveau de compétence adéquat) 3/ le salarié a été formé 4/ l'incapacité à utiliser l'outil se maintient en dépit de la formation » détaille la section parisienne du Syndicat des Avocats de France. De plus, « un licenciement disciplinaire supposerait en principe un caractère intentionnel du manquement et des conséquences graves ». N’ayant eu, à ce jour, pas connaissance de licenciement pour une erreur dans l'utilisation des outils, le SAF précise tout de même que cela pourrait arriver en cas d'envoi accidentel de données sensibles.

L'employeur, responsable des outils collaboratifs 

Sur la question de la confiance envers leur personnel, on note que les cadres ne font entièrement confiance qu’à deux tiers de leur équipe pour naviguer correctement dans la technologie à distance nécessaire à la réussite du travail à distance. Quid de la responsabilité du bon fonctionnement des outils collaboratifs ? Près de trois chefs d'entreprise sur cinq (58 %) ont répondu qu'il incombe à l'entreprise de veiller au bon fonctionnement de la technologie de collaboration à distance. Mais les 42 % restants affirment que c'est aux employés qu'il incombe de veiller au bon fonctionnement de la technologie de collaboration. Or, en France « la responsabilité de la mise à disposition de l'outil, son entretien, et la formation à son utilisation incombe à l'employeur » affirme la section parisienne du SAF.

Point positif, 97 % des cadres ont déclaré qu'ils offraient ou prévoyaient d'offrir des options de travail hybride, loin de disparaître pour la plupart des entreprises. Près de trois cadres sur quatre (72 %) prévoient par ailleurs de maintenir ou d'augmenter le nombre d'employés autorisés à travailler selon un horaire hybride au cours des 12 prochains mois. « Les données montrent clairement qu'il y a un décalage dans les attentes concernant le travail à distance et hybride entre la direction et les employés et un manque de formation sur la façon de gérer et de performer dans cette nouvelle façon de travailler », conclut Alfredo Ramirez, PDG de Vyopta.