A défaut du président de la République, c’est finalement Bruno Le Maire, ministre de l’économie, des finances et de la relance, accompagné de Cédric O, secrétaire d’Etat chargé du numérique et Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, qui a inauguré le Campus Cyber. Ce lieu situé à la Défense a pour ambition de réunir l’écosystème de la cybersécurité en France. 26 000 m² où vont se réunir près de 1 800 personnes et 170 sociétés.

Un lieu pensé pour les échanges

Au cœur de ce projet, il y a un homme, Michel Van Den Berghe (élu personnalité IT de l’année 2021 par les lecteurs du Monde Informatique). Ce dernier a été chargé en juillet 2019 par le Premier ministre de l’époque, Edouard Philippe, de travailler sur la création d’un endroit regroupant les acteurs de la cybersécurité, en s’inspirant des expériences en Israël et en Russie. Ce projet est donc maintenant une réalité. L’immeuble de 13 étages est presque terminé. « Les premières personnes vont arriver vendredi », nous glisse Michel Van Den Berghe lors d’une visite des lieux.

Plusieurs salles de réunions sont disponibles dans les étages du Campus Cyber. (Crédit Photo: JC)

Comme il l’avait précisé lors d’un point d’étapes, les arrivées se feront progressivement et Michel Van Den Berghe prévoit d’être au complet « d’ici la fin du mois d’avril ». Par exemple, l’Anssi qui dispose d’un étage, va migrer dans un premier temps ses formations, nous a précisé Guillaume Poupard. De son côté, Yes We Hack va installer une vingtaine de personnes dans les locaux dès la fin de semaine, tout comme Blue (ex Bretagne Telecom) qui va louer des espaces de co-working pour faire connaître et développer son activité de cybersécurité.

Le bâtiment a été conçu avec un cœur central et des pétales. Des salles de réunions, des bureaux, un auditorium, une cantine, un show-room, tout est fait pour faciliter les interactions entre les différents acteurs, quelle que soit leur taille et leur secteur. Un état d'esprit reconnu par le ministre de l'économie, « ce qui m’a fasciné avec le Campus Cyber c’est que pour la première fois je vois sur un même lieu des chercheurs, des scientifiques, des universitaires, des start-ups, des PME et des très grandes entreprises du CAC 40 ». Les sociétés étrangères ne sont pas oubliées, mais « elles ne participent pas à la gouvernance du Campus Cyber », souligne Michel Van Den Berghe. Soulignons aussi que plusieurs travaux ont déjà été menés avant l’inauguration au sein de groupes de travail sur différents sujets (anticipation des menaces, bases de connaissance (CTI), l’IA, les cryptoactifs,…).

Un incubateur et une vitrine pour attirer les talents

Dans son discours inaugural, Bruno Le Maire a dressé les trois piliers du Campus Cyber : soutenir l’innovation et la recherche, renforcer la résilience et former les talents cyber de demain. Sur le premier point, l’accent va être mis sur différents programmes de recherche, mais aussi sur l’accompagnement des start-ups. Gérôme Billois, consultant en cybersécurité chez Wavestone, souligne une forte dynamique dans ce secteur en France en 2021, « les investissements ont représenté 551 millions d’euros ». Nous sommes encore loin des Etats-Unis avec 17 Md$ d’investissements ou Israël avec 7,8 Md$, mais on s’approche de l’Angleterre avec 900 millions de dollars. Le Campus Cyber a vocation à devenir le 1er incubateur national pour les start-ups en cybersécurité à travers le Studio. Il prévoit d’accompagner une quarantaine de projets allant de la simple idée à des structures plus matures (scale-up).

Jérôme Billois de Wavestone a présenté la stratégie du Campus sur les start-ups. (Crédit Photo : JC)

Autre volet cher à Michel Van Den Berghe, la formation et le recrutement de talents. « Il y a un travail sur l’image de la profession qui reste trop technique. Or dans le domaine de la cybersécurité, il y a des besoins sur le plan juridique, commercial, éthique, etc », nous avait-il dit dans un récent entretien. A l’occasion de l’inauguration, il a présenté l’initiative Cadettes de la cyber qui vise à attirer les talents féminins en les accompagnant après le bac vers les métiers de la sécurité. « Le Campus Cyber doit être une vitrine pour montrer aux jeunes l’ensemble des métiers disponibles dans ce domaine. Il est aussi le lieu de rencontres entre le secteur académique et l’écosystème. », indique le président qui a choisi de « mentorer » une jeune Cadette de la cyber, spécialisée en géopolitique.

Les ambitions sont donc grandes avec le lancement officiel de ce Campus Cyber. Bruno Le Maire dans son discours l’a rappelé, « la France n’a pas vocation à être dans le peloton de la cybersécurité, mais bien dans le trio de tête ». Ce lieu devrait prochainement s’agrandir avec un autre campus prévu en 2024 dans les Yvelines avec un focus sur la sécurité des objets connectés. Un essaimage en régions est aussi dans la feuille de route.