« On a le droit d’être content. On a l’écrin et maintenant il faut des projets », les mots sont de Guillaume Poupard, directeur général de l’Anssi à propos du Campus Cyber, lors d'un point presse au pôle universitaire Leonard de Vinci, à Courbevoie. Ce projet qui vise à fédérer dans un même lieu l’écosystème de la cybersécurité va devenir une réalité le 15 février prochain. A cette date-là, l’immeuble située dans le quartier de la Défense 1, à Puteaux, accueillera ses premiers locataires. « Les arrivées se feront par étapes, car nous voulons personnaliser le onboarding dans les locaux », précise Michel Van Den Berghe, président du Campus Cyber. Cette période devrait à terme accueillir « entre 1 600 et 1 700 experts en cybersécurité ».

L’immeuble comprendra 13 étages pour une surface totale de plus de 26 000 m² et réunira 80 résidents (grands comptes, start-ups, organismes de recherches, …). « A la différence d’autres initiatives comme en Israël, en Russie ou aux Etats-Unis, le Campus Cyber repose sur 4 piliers : la formation, les opérations (pour coopérer sur les cybermenaces), l’innovation (avec les start-ups et la R&D) et l’animation de l’écosystème », poursuit Michel Van Den Berghe. En sus de ses quartiers aux Invalides, l’Anssi disposera d’un étage entier « le 12eme étage avec à terme 80 personnes qui travailleront au Campus Cyber. Il y aura notamment un pétale (le Campus est conçu sous forme de fleur) dédié à la formation », précise Guillaume Poupard. Le lieu devrait accueillir aussi l’inter-Cert France qui fédère l’ensemble des CERT de l’administration, des entreprises privées ou sectoriels (santé, maritime,…). L’aspect régional n’est pas oublié, « nous ne sommes pas centralisés et nous voulons constituer un réseau de campus avec pourquoi pas des spécificités territoriales », insiste le président du Campus Cyber. Plusieurs régions ont d’ores et déjà signifié leur intérêt pour ces projets. A noter qu’une extension du Campus Cyber en Ile de France est prévue.

Livrer des communs

Pour faire écho à la demande de projets souhaitée par le dirigeant de l’Anssi, Michel Van Den Berghe rappelle qu’avant l’ouverture du Campus, l’écosystème a commencé à travailler ensemble sur certains sujets et livrer des communs. « Des groupes de travail se sont constitués autour de 6 thèmes, qui ont réuni 108 participants », observe le responsable. Parmi les sujets de réflexion, il y a les questions d’anticipation, « quelles seront les menaces de demain », un livre blanc sur ce thème doit être livré au début 2022. Les autres domaines portent sur les bases de données de Threat Intelligence, les crypto actifs, l’IA et la cyber et enfin la formation.

« Il y a aussi des demandes spécifiques, notamment sur la sécurisation des trains pour Alstom ou des drones avec Parrot », indique Michel Van Den Berghe. «  La sécurisation des systèmes industriels et des objets connectés nous intéresse aussi. A l’Anssi, nous passons beaucoup de temps à démonter des voitures », admet avec humour Guillaume Poupard. Les différents livrables seront mis à disposition de la communauté cybersécurité.

Une vitrine pour attirer les talents et les start-ups

Le Campus Cyber se veut également être une vitrine pour la formation des talents dans la cybersécurité. Le constat est sans appel selon Michel Van Den Berghe qui évoque une anecdote avec le rectorat de Paris, « il y a 15 000 jeunes dans le numérique, 200 étaient intéressés par la cyber et seulement 3 jeunes filles ». Il y a donc un besoin de pédagogie pour montrer « l’intérêt des professions dans la cyber ». Par ailleurs, des efforts doivent être menés autour du reskilling, c’est-à-dire former à la cybersécurité certains profils. Plusieurs établissements seront présents sur le Campus (Epita, ESG,...) pour participer à ce travail d'évangélisation et de formation.

Un autre axe porte sur l’innovation et le développement de start-ups. Le Campus Cyber accueillera un studio (incubateur) de start-ups, Cyber Booster, qui vise à « créer et financer 50 start-ups françaises en moins de 5 ans ayant le potentiel de devenir des licornes européennes », souligne Christophe Dumoulin, président d’Axeleo. Ce programme a deux objectifs, « aider au démarrage des start-ups et recruter des entrepreneurs qui veulent se lancer dans cette aventure », poursuit le responsable. Il ajoute que « la phase d’amorçage pourra se transformer à terme par la création d’un accélérateur ». A noter que ce programme est accessible aussi sur le campus de Rennes.