Le Trophée du Défi H, imaginé par Sogeti en partenariat avec Le Monde Informatique, Adapt et Tremplin, a été attribué au projet Contrast, conduit par quatre étudiants de l'école supérieure d'informatique Supinfo Campus Strasbourg : Simon Kamlet, François Klingler, Valentin Luccioni et Geoffroy Planquart. L'équipe a développé deux applications mobiles, sous iOS et Android, en concrétisant une idée apportée par l'Association des aveugles et amblyopes d'Alsace et de Lorraine (AAAL) qui a accompagné leur projet. L'objectif consistait à fournir aux professionnels du bâtiment un outil leur permettant de respecter le taux de contraste entre les couleurs des murs et des portes afin de faciliter le déplacement de personnes malvoyantes dans des établissements recevant du public (ERP). La loi handicap de 2005 précise en effet qu'il faut respecter un taux de contraste de 70% entre deux éléments architecturaux adjacents.

« Il est difficile de se repérer si les murs et les portes ont la même couleur », rappelle l'équipe dans sa vidéo de présentation. Avec les applications mobiles qu'elle a développées. « Pour créer des rapports sur l'état d'adaptation des locaux,  on prend en photo l'élément architectural que l'on veut vérifier, puis on sélectionne les couleurs et on obtient un taux de contraste. » L'application mobile Contrast s'adresse donc principalement à des architectes, des décorateurs d'intérieur, ainsi qu'à d'autres métiers du bâtiment, à qui elle apporte également un rappel des dispositions de la loi de 2005.

« Aujourd'hui, les professionnels ne pourront plus dire qu'ils ne disposent pas d'outils adaptés », a souligné Philippe Tavernier, président de Sogeti France, en remettant leur trophée aux étudiants et en précisant que le projet avait notamment été distingué parce qu'il était opérant. Les applications peuvent en effet être téléchargées et testées, sur l'App Store et l'Android Market (Google Play). « Les bonnes idées qui sont concrètes permettent d'aller le plus vite possible dans ce monde d'agilité et de mobilité », a pointé le dirigeant.

Un projet directement piloté dans une démarche agile

Comme les autres équipes du Défi H, celle de Contrast a été suivie par un Coach venant de Sogeti, Olivier Pierrat, qui est principalement intervenu sur la conduite du projet. « Mon rôle était de garantir que le projet aboutissait, de les empêcher de s'éparpiller, de leur rappeler les enjeux exigeant de déboucher sur quelque chose d'opérationnel, qui puisse fonctionner. C'est pour cela que nous avons adopté une démarche basée sur les méthodes agiles, centrée sur les besoins et valeurs métiers définis par l'association soutenant le projet. » Le coach note que cette volonté a porté ses fruits puisque l'équipe a réussi à compiler une application et à la mettre sur les deux principales boutiques d'applications mobiles. « Nous sommes partis directement sur de l'agile car les délais étaient courts : cinq mois pour aboutir à quelque chose de réel. Pour ne pas rester au stade du PowerPoint, il faut se concentrer sur les priorités, sur ce qui est essentiel ».

Cela a permis aux étudiants de se frotter à ces méthodes de développement. « Nous les connaissions un peu mais n'avions pas encore eu de cours théorique. Cette mise en pratique nous a beaucoup apporté », a confié Geoffroy Planquart, l'un des quatre jeunes, à l'issue de la remise du trophée. « Nous nous sommes focalisés sur ce qui était le plus important. Avant la date butoir du 20 avril, il fallait que nous ayons le plus de fonctionnalités, mais surtout les plus intéressantes pour l'association »
 
Difficile de trouver les bons algorithmes

L'équipe s'est donc réunie régulièrement, au fil de 4 ou 5 sprints espacés d'un mois environ. Grâce à ces rendez-vous, elle s'est rendu compte rapidement de ce qui était faisable et de qui ne l'était pas. Parmi les écueils rencontrés, elle souligne la difficulté à trouver les algorithmes permettant d'effectuer les bons calculs pour déterminer les contrastes. « Il y a tellement de facteurs qui entrent en jeu ; il nous a fallu tester énormément d'algorithmes », explique Valentin Luccioni. Sur les questions plus générales de développement, la gestion des images a nécessité quelques ajustements. L'application s'est révélée un peu lente au début en raison du poids des photos qu'il a fallu réduire. La gestion de la caméra est parfois assez critique.

Sur iPhone, la compatibilité avec iOS 4 a été privilégiée afin que l'application puisse s'adresser au plus grand nombre. « Il existe de nouvelles méthodes sous iOS 5 qui nous auraient permis de récupérer les couleurs et d'économiser au moins une semaine de développement, mais si nous les avions utilisées, nous aurions perdu la compatibilité avec iOS 4 », précise François Klingler, le développeur iOS de l'équipe. « De la même manière, sous Android, nous avons également une compatibilité supérieure à 95% », ajoute Simon Kamlet, plus versé sur l'OS mobile de Google.

Si l'application est d'ores et déjà téléchargeable, l'association qui l'a suscitée attend encore quelques semaines avant de la promouvoir.