Le projet de bibliothèque numérique européenne pourrait ne pas atteindre ses objectifs si les Etats membres ne font pas plus d'efforts pour numériser leurs fonds. La Commission européenne prévoit en effet que 2 millions de documents (livres, films, photos, manuscrits...) seront en ligne en 2008 et qu'au moins 6 millions le seront en 2010. Une date symbolique pour l'Union européenne qui a parié sur le développement de l'économie numérique dans son plan « i2010 » pour redynamiser l'emploi et soutenir l'innovation. « Nous voulons une véritable bibliothèque européenne numérique, un point d'accès multilingue aux ressources culturelles numériques de l'Europe », a expliqué Viviane Reding, commissaire européenne en charge de la Société de l'Information et des Médias, dans un communiqué. La Commission a donc publié une série de recommandations pour pousser les pays dans cette voie. Elle a les notamment appelé à revoir leurs lois sur les droits éditoriaux et sur la conservation afin de garantir l'accès au patrimoine numérique. ...la France à grands Dans ce climat peu entreprenant, la France fait figure de bonne élève. Gallica, la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France (BNF), représentera l'essentiel de la participation française dans la bibliothèque numérique européenne. En avril dernier, elle contenait 91 200 volumes, 500 documents sonores et 80 000 images. Sur son site, elle salue l'enthousiasme des internautes : en mars, plus d'un million de documents ont été consultés. Ces bons résultats alliés à son dynamisme ne font pas douter de sa participation active à la mise en place du projet européen. Des blocages persistent cependant. Dans sa politique tout d'abord. Sur le site de Gallica, elle précise que « le Web permet de consulter ce qui est rare ou original, épuisé ou peu accessible, voire inaccessible ». Cette approche d'une toile, qui arrive en complément de la bibliothèque physique, n'est pas compatible à l'échelle de l'Union dont l'objectif est justement de dépasser le géographique par le numérique. Autre point, valable pour tous les Etats membres, l'UE s'appuie sur le principe sur l'opt-in : ne seront présentes que les oeuvres des auteurs qui en ont formulé la demande. Cette règle rend évidemment la tâche laborieuse. Google, qui prépare également un catalogue numérique, fonctionne lui à l'inverse sur l'opt-out : l'accord des auteurs est présumé et pour qu'une oeuvre disparaisse, il faut en faire la demande.