Avec RHEV 3.0, la prochaine mouture de sa plateforme de virtualisation, Red Hat s'affranchit de sa dépendance à Windows Server et SQL Server de Microsoft. Ce sera la première version de Red Hat Enterprise Virtualization qui ne nécessitera pas de copie de Windows Server pour faire fonctionner la console d'administration, a indiqué Navin Thadani, directeur senior de l'activité virtualisation de Red Hat. La bêta du produit, livrée hier, montre aussi que l'éditeur a fait de sérieux efforts pour que son logiciel puisse gérer des charges de travail plus importantes, ce qui devrait le rendre compétitif face à son concurrent VMware. « Ils ne sont pas les seuls sur le terrain et nous sommes en bonne position pour profiter de la demande croissante pour des offres alternatives à la leur », estime Navin Thadani.

Lancé en 2009, RHEV a la particularité de combiner sur une console la possibilité de gérer à la fois de serveurs virtuels et des postes de travail virtuels. Il a gagné un certain nombre d'utilisateurs reconnus, tels qu'IBM, NTT et DreamWorks Animation, même si l'éditeur ne fournit pas d'estimation sur le nombre de déploiements probables de RHEV.

Le recours à Windows Server était assez étrange au regard de la volonté de Red Hat à utiliser des logiciels Open Source pour ses propres offres. Mais la société a récupéré la console d'administration de RHEV d'une de ses acquisitions réalisée en 2008, celle de l'éditeur Qumranet qui a fourni de nombreux composants de RHEV. Pour ce dernier, Windows constituait une base adaptée pour gérer les postes de travail virtuels, rappelle Navin Thadani, qui travaillait pour Qumranet avant son rachat par Red Hat.

Développée en Java et reposant sur RHEL

La future version de RHEV propose une console entièrement nouvelle, développée en Java et fonctionnant sur la plateforme JBoss Enterprise Application de Red Hat, celle-ci reposant sur RHEL (Red Hat Enterprise Linux). Une console web remplace le programme Windows indépendant qui était associé à la précédente version.

L'environnement sera familier aux habitués de Linux. A la place de SQL Server, RHEV exploitera la base de données Open Source PostGres. Les versions antérieures contraignaient les administrateurs à utiliser le PowerShell de Windows Server pour automatiser des tâches en passant par des scripts. Il est maintenant possible d'utiliser à la place l'interface à ligne de commande de Linux pour exécuter des scripts. Red Hat fournit aussi une API (interface de programmation) permettant d'utiliser les outils d'administration d'autres éditeurs pour exploiter RHEV. Les utilisateurs du logiciel peuvent d'ailleurs toujours se servir de l'annuaire Active Directory, de Microsoft, à des fins d'authentification.

Jusqu'à 64 CPU virtuels et 2 To de mémoire

En dehors de la console, le logiciel bénéficie d'autres améliorations significatives sur le plan de l'évolutivité. La couche physique de la machine hôte peut avoir jusqu'à 128 coeurs et jusqu'à 2 To de mémoire physique. Pour les machines virtuelles accueillies au-dessus de KVM, on peut monter jusqu'à 64 CPU virtuels et 2 To de mémoire virtuelle, alors que la version précédente était limitée à 16 CPU virtuels et 256 Go de mémoire par machine virtuelle accueillie. A titre de comparaison, la version 5 de vSphere, de VMware, livrée en juillet, supporte jusqu'à 32 CPU virtuels et 1 To de mémoire.

RHEV 3.0 apporte d'autres nouveautés. L'hyperviseur KVM (Kernel-based Virtual Machine) a été mis à jour avec la dernière version du kernel Linux dans RHEL 6. Le nouveau logiciel peut aussi utiliser des disques locaux, alors que le précédent pouvait seulement recourir à du stockage partagé. Et pour les déploiements VDI (virtual desktop infrastructure), SPICE (Simple protocol for independant computing environments) a été également mis à jour afin d'accélérer les capacités de streaming sur les réseaux étendus.

La version définitive de RHEV 3.0 devrait sortir à la fin de cette année.

Illustration : RHEV for Desktop (crédit : Red Hat)