L'âge d'or de la vente de licences de logiciels semble bel et bien révolu. La marche - forcée ? - vers le cloud est dans tous les esprits, poussée par les fournisseurs spécialisés et dans laquelle les DSI sont aussi aspirées, sommées par leurs directions générales de réduire les coûts. Editeur historique de la virtualisation,  VMware - à l'instar d'un Microsoft - a eu le temps de voir venir le vent du cloud. Un temps de réflexion a toutefois nécessaire pour faire évoluer son business model dont les règles changent naturellement du tout au tout entre son activité historique de ventes de licences et la fourniture de logiciel en tant que services. Pour accompagner ce mouvement, l'éditeur n'est pas parti seul. Depuis 2017, il s'est ainsi rapproché d'AWS pour proposer un service - VMware Cloud on AWS - permettant de migrer, via des partenaires dédiés dont D2SI (groupe Devoteam) en France, les logiciels installés dans les datacenters de ses clients vers le cloud du fournisseur américain.

Des instances personnalisées sur des serveurs bare metal

Lancé fin 2017 aux Etats-Unis, puis au Royaume-Uni et en Allemagne (à Francfort), VMware Cloud on AWS est disponible depuis le 8 mars 2019 depuis la zone Paris d'AWS dont les infrastructures sont localisées dans les datacenters d'Equinix, Interxion et Telehouse à Paris ainsi que via les points de connexion Direct Connect à Paris et Marseille.. « Les clients vont pouvoir retrouver dans les datacenters d'AWS tout leur SDDC VMware », a indiqué Marc Frentzel, directeur technique de VMware Europe du Sud lors d'un point presse mardi 26 mars 2019 sur Paris. « Il s'agit d'un service, une souscription avec facturation à l'usage en fonction des ressources consommées, sur un datacenter privé dédié ». 

La tarification s'élève (hors promotion) à partir de 7 dollars par heure (1 hôte SDDC incluant vSphere, vSAN et NSX). Questionné par la rédaction sur la nature des instances sur laquelle VMware Cloud on AWS repose, Stephan Hadinger, responsable technologique d'AWS France, a apporté la précision suivante : « Il s'agit d'instances bare metal, qui sont personnalisées ». A noter que le client devra toutefois veiller à disposer des dernières versions à jour de ses solutions VMware : « Avant de basculer vers VMC il vaut mieux que la stack VMware soit au goût du jour », nous a confirmé Anthony Cirot, country manager France de VMware. « Ces mises à jour permettent d'assainir la base client au bon niveau technologique ».

Un service clé en mains pour les entreprises

En termes de bénéfices, les responsables des filiales françaises de VMWare et d'AWS mettent en avant la rapidité de déploiement d'un environnement complet SDDC interne vers le cloud, de quelques heures contre plusieurs semaines par un autre moyen. Il s'agit là donc davantage d'une opération de lift and shift que d'un redéploiement complet de l'existant (applications, containers, machines virtuelles...) sur le cloud. « VMware Cloud répond à une demande client de faible latence et des débits réseaux plus performants », indique Stephan Hadinger. Mais il ne faut pas perdre de vue que VMC se présente comme un service : l'entreprise qui souhaite elle-même s'installer dans le cloud AWS - ou Azure, GCP... - peut bien sûr le faire, à la main et par ses propres moyens en mobilisant des ressources de développement et d'intégration spécifiques. Les deux éditeurs auraient toutefois pu pousser plus loin la logique d'intégration entre le SDDC VMware et le cloud AWS en proposant une console de gestion unique mais cela ne sera malheureusement pas le cas. 

A la question de savoir si un objectif de migration de la base client de leur infrastructure on-premise VMware vers le cloud AWS avait été fixé, Anthony Cirot a fait savoir qu'il « n'y en a pas de fixé en tant que tel », mais que la demande client de faire passer des ressources traditionnelles vers des environnements virtuels et cloud reste importante. « Les clients réfléchissent à migrer l'ensemble de leurs workloads vers le cloud », a par ailleurs confirmé Julien Stanojevic, CTO et partner de D2SI. Pas de réponse non plus concernant les revenus qui seront dégagés grâce à cette nouvelle offre pour répondre aussi bien à des cas d’obsolescence de datacenter et de gestion du stockage (comme le MIT qui a migré en quelques jours 1 000 VM), du recouvrement après incident, de la migration d'instances VDI...). 

Un important et mystérieux OIV bientôt sur VMware Cloud

Souscrite à ce jour dans le monde par près de 1 200 clients, VMware Cloud on AWS intéresse de près bon nombre d'entreprises et d'organismes publics français dont un « très gros » opérateur d'importance vitale. Une annonce qui a suscité parmi les journalistes présents à cette conférence de presse un élan d'interrogation sur les raisons de ce choix qui ne va pas sans poser des questions relatives à la confidentialité des données, notamment dans le contexte du Cloud Act. « Nous challengeons ces éléments là », a répondu Stephan Hadinger. « On incite nos clients à chiffrer leurs données, c'est très facile c'est une case à cocher. Si des instances et des recours nous contraignent à remettre des données nous le faisons alors mais sans fournir de clés ». Nous aimerions en tout cas bien connaitre l'identité de cet OIV et en particulier de son courageux - ou téméraire - RSSI qui ne semble pas craindre de voir ce chiffrement cassé et considère bénéficier suffisamment de moyens (financiers, organisationnels...) pour gérer lui-même ses propres clés de chiffrement.