Par Renaud Bidou, Directeur Technique Europe du Sud, Trend Micro

Ces attaques profitent de la situation actuelle pour tenter d’infecter les systèmes informatiques avec des ransomwares pouvant mener à l’arrêt des réseaux et des équipements médicaux électroniques et connectés. De nombreux spécialistes de la sécurité informatique surveillent constamment ces attaques afin de recueillir autant d'informations que possible et de permettre de réagir de manière appropriée, voire de les juguler lorsque cela est possible.

Malheureusement, tant dans les soins de santé que dans l'industrie, les organismes attaqués sont souvent confrontés à des situations quelque peu controversées. La plupart du temps, ces attaques ne compromettent pas les ordinateurs ou serveurs traditionnels, mais plutôt tout un ensemble d’appareils médicaux connectés (tomodensitomètres, échographes, cardiographes, etc.). Ces derniers disposent d’un boîtier et de branchements spécifiques les amenant à bénéficier de certifications qui interdisent bien souvent l'installation de tout type de logiciel de sécurité.

Des certifications trop strictes ?

Du fait de la certification de ces appareils de santé et des garanties inhérentes aux résultats qu’ils fournissent, il est quasi impossible d'y installer une quelconque solution de sécurité. Une question de pose alors : les organismes de certification et les fabricants d'appareils garantissent-ils la qualité des résultats délivrés, même en cas d’infection par un malware ? C'est désormais un aspect à prendre au sérieux par les constructeurs et les administrations de santé.

Parfois, et en particulier avec les appareils biomédicaux électroniques, la certification empêche l'installation de correctifs en cas de systèmes d'exploitation obsolètes. Il est notamment très compliqué de surveiller le flux de données sans nuire aux résultats de ces appareils. Mais sur quelle base ces certifications s’appuient-elles ? Les cas dans lesquels les résultats sont garantis même lorsqu’un logiciel malveillant infiltre les dispositifs ou le réseau auquel ils sont connectés sont-ils pris en compte ? Afin de s’en assurer, la certification des appareils industriels -et des équipements médicaux électroniques en particulier- doit donc être revue et devenir une priorité dès le début du processus d'acquisition.

Réduire les risques d’attaques ciblant les établissements de santé

Depuis le début de la pandémie, les établissements de santé ont subi une série d'attaques, dont la plupart a spécifiquement compromis les appareils médicaux électroniques non mis à jour ou non équipés de logiciel de sécurité pour des raisons de certification.

Compte tenu du risque sanitaire que ces attaques représentent, les hôpitaux devraient à l’avenir exiger que leurs fournisseurs certifient leurs appareils et en garantissent les résultats délivrés, même en cas d’attaque par malware. Cette certification doit également avoir pour objectif de protéger le reste du réseau car, si un malware pénétrait dans l'un de ces appareils, il agirait comme un cheval de Troie infiltrant l'ensemble de l'infrastructure, et augmenterait ainsi de façon exponentielle le risque de mise à l’arrêt définitif. S'il est vrai que de tels dommages peuvent être évités en renforçant la protection de l'infrastructure, il est également vrai que des contrôles spécifiques au sein des appareils réduiraient davantage ce risque.