Pour l’État, la facture électronique permettra déjà d’avoir une vue globale de toutes les transactions et donc de disposer d’un bilan bien plus précis de l’activité économique des entreprises françaises et peut-être même d’anticiper par des actions ciblées sur certains secteurs en tension. « Il ne faudra pas que la facture électronique serve qu’à fliquer les entreprises, elle doit aussi servir à les aider », interpelle d’ailleurs Grégoire Leclercq, directeur général délégué de EBP. Car dans cette obligation, l’État y voit surtout un bon moyen de lutter contre la fraude à la TVA qui se chiffre en dizaines de milliards d’euros chaque année en Europe, dont une petite quinzaine de milliards attribuée rien que pour la France en 2020 (source : Cour des comptes). Ce chiffre colossal devrait donc fortement diminuer avec la facture électronique. En outre, l’État souhaite alléger un peu plus la charge administrative des entreprises et les coûts. Pour une entreprise, le coût d’une facture électronique est inférieur à celui d’un timbre-poste alors que celui d’une facture papier est plus proche, voire supérieur à 10 euros. De même, la facture électronique favorisera le préremplissage des déclarations de TVA et réduira également les délais de paiement comme le concède Tristan de Broucker, chef de marché comptabilité et gestion commerciale - TPE et experts-comptables - chez Sage. Un avis que partage aussi Grégoire Leclercq, directeur général délégué de EBP : « Il sera plus facile de prouver la date de mise en circulation de la facture, l’État aura connaissance du délai de retard, les indicateurs seront de fait plus faciles à générer. » Le processus de facturation électronique pourrait donc permettre d’automatiser les paiements, les relances et les rappels auprès des clients et fournisseurs. Ce qui aurait pour conséquence de réduire sensiblement les délais de paiement qui, rappelons-le, est un mal français. Du côté des entreprises, selon une estimation du ministère des comptes publics, la bascule de toutes les entreprises vers la dématérialisation totale élèverait leurs gains directs aux alentours de 4,5 milliards d'euros. Enfin, le gain est aussi écologique, en réduisant l’empreinte carbone grâce à la diminution des impressions papier.   

Cela dit, la facture électronique n’est pas uniquement synonyme de bénéfices et de gains de productivité. Il y aura un investissement initial pour intégrer la facture électronique (et la prise en charge du PFF et des PDP) à son ERP ou son logiciel de gestion via des mises à jour de logiciels, des API ou des connecteurs. A cela, il faudra peut-être rajouter de nouveaux workflows sans oublier la formation, toutes ces charges ne sont pas si anodines pour les petites structures déjà anxieuses à l’arrivée de cette nouvelle obligation.