Cela ne fait aucun doute, l’épidémie de la Covid 19 a changé nos habitudes de travail, le télétravail sest ainsi généralisé. Dans de nombreuses entreprises françaises, des accords ont été signés en privilégiant de 1 à 3 journées de télétravail par semaine, ce sont même 3 entreprises sur 4 qui auraient mis en place un accord de télétravail selon le baromètre de lifop réalisé pour le Syndex, une société dexpertise comptable et publié en janvier 2023. Et les bénéfices de ces accords sont clairement identifiés : 51 % des représentants du personnel dans les entreprises reconnaissent une meilleure productivité des collaborateurs et près de 3 salariés sur 4 sont satisfaits de la politique de télétravail mise en place. « Un employé heureux est un employé performant », relève dailleurs Charlotte Nizieux, reponsable marketing et porte-parole chez Zoom, qui met en avant le bien-être du salarié dans lentreprise. En contrepartie, on apprend, toujours à partir de cette étude, que 50 % des représentants du personnel estime que le télétravail a eu un impact négatif sur la solidarité et les échanges entre les collègues. Malgré cet isolement que peut procurer le télétravail, ce mode de travail hybride mélangeant présentiel et distanciel est parti pour durer et il est complètement illusoire de revenir en arrière, dautant que cest même devenu un argument majeur pour les jeunes recrues souhaitant intégrer une entreprise. Dailleurs, tous nos interlocuteurs interrogés dans le dossier sur cet aspect sont unanimes, les jeunes recherchent plus dautonomie et de flexibilité quils retrouvent notamment dans le télétravail. François Familiari, SE Manager, Southern Europe et porte-parole chez Zoom, estime justement que de nombreux accords ont été entérinés par les RH par rapport à ce point. Et pour ces jeunes talents, le télétravail ne signifie pas forcément de rester à la maison mais de travailler par exemple depuis un espace de coworking ou même depuis l’étranger. Cest donc dans ce contexte que les solutions technologiques ont dû sadapter à ce mode de travail. Certes, durant la crise sanitaire, il a fallu gérer lurgence pour les entreprises par des achats massifs de PC portables pour des salariés obligés de travailler chez eux associés à des liens 4G sécurisés en VPN pour accéder à lInternet et aux ressources de lentreprise pour ceux qui navaient pas forcément un débit suffisant en ADSL. « Aujourdhui, nous nen sommes plus là, le travail hybride fait que lensemble des collaborateurs doit bénéficier dun accès dinformations partagées de même niveau quel que soit lemplacement où ils se trouvent », indique Charlotte Nizieux. Lamélioration de lexpérience de lutilisateur fait dailleurs partie des éléments déclencheurs dun projet selon Stéphane Padique, Digital Workspace Solution Engineering Manager, France & Iberia chez VMware: « Beaucoup de nos clients souhaitent des résultats sur lutilisateur final, cela devient un KPI important : est-ce quil y a notamment des améliorations en termes de productivité et dexpérience ? Il y a deux ans, on ne voyait pas forcément ce type de demandes. » 

Une diversité de besoins dans les projets  

Un avis que partage Nicolas Loupy, directeur commercial grands comptes chez Citrix, qui mentionne également les nombreux projets de renouvellement en cours étant donné la progression constante de laccessibilité des applications depuis le web. De même, le porte-parole de Citrix constate de nouveaux cas dusages: «Il y a aussi une vraie nécessité de protéger sa propriété intellectuelle en travaillant de manière collaborative et sécurisée avec les sous-traitants, nous y travaillons notamment avec les industriels dans les secteurs de lautomobile et de laéronautique.» Parfois ce type de projet arrive suite à un rapprochement de plusieurs entreprises comme cest le cas du cabinet de courtage Assurinco« Assurinco monte progressivement en puissance (ndlr : rapprochement récent entre 3 entités) pour devenir un acteur majeur du Top 10 des courtiers, nous réfléchissons à ce titre à mettre en place un projet de flex office dès 2024 étant donné notre importante croissance à venir », projette Denis Lamouroux, gérant et DSI de la société CJL qui gère lIT du cabinet de courtage Assurinco. Dautres entreprises comme le Crédit Agricole profitent dun vaste réaménagement de leurs locaux pour envisager le Flex Office. Une chose est sûre, un projet de ce type nest pas anodin et de nombreux freins sont perceptibles. Déjà lhétérogénéité générationnelle des équipes, il est parfois compliqué de tout bousculer, les millenials (les 25-30 ans daujourdhui) nont pas forcément les mêmes façons de travailler que les générations X (années 70) ou Y (années 90). De plus, la refonte dun environnement de travail coûte cher à lentreprise car, en plus des dépenses liées aux nouveaux outils numériques et à leurs dysfonctionnements (dailleurs très élevés lors du télétravail), se greffent des coûts de maintenance, sans oublier les coûts mobiliers (casiers personnels et petites salles de réunion) et immobiliers (réaménagement des espaces avec déplacement des prises et des lumières). La diversité des projets est réelle, ce qui complexifie aussi la signification réelle du digital workspace; n'oublions pas que le digital workspace nexiste pas sous la forme dun produit ou dun service packagé quapprécient tant les entreprises, surtout les PME et les ETI. Cest dabord une approche globale comme le rappelle Stéphane Padique.