Très répandues en Asie avec des centaines de millions d’utilisateurs, les superapps (comme WeChat, Alipay en Chine ou Grab en Malaisie) peinent toujours à se développer en Europe. Rappelons que ce type de plateforme, qui combine plusieurs services en un (paiements, transports, achats en ligne, réservation de places de cinéma, formulaires administratifs en Chine...), fait face à deux freins majeurs sur le vieux continent : la protection des données, notamment avec la RGPD et lorsque l’on sait que le modèle économique de ces supers applications repose sur le traitement des données personnelles, ce n’est pas gagné. Quant au deuxième frein, c’est la régulation européenne très stricte pour protéger la libre concurrence et lorsque l’on sait que la centralisation et la dépendance sont les points forts de ces superapps, là aussi, ce n’est pas gagné. « Bien que la plupart des exemples de superapps soient des applications mobiles, le concept peut également être appliqué à des applications clientes de bureau, comme Microsoft Teams et Slack, l'essentiel étant qu'une superapp puisse consolider et remplacer plusieurs apps à l'usage des clients ou des employés », a déclaré Mme Karamouzis du Gartner. D'ici 2027, le cabinet d'études prévoit que plus de 50 % de la population mondiale utilisera quotidiennement plusieurs superapps.

Pour ces deux raisons, les superapps n’existent tout simplement pas en Europe. Quelques modèles dans la finance entendent poser les bases d'une telle plateforme comme Revolut, mais de là à la qualifier de superapp, c’est très présomptueux. Revolut, néo-banque britannique (qui dispose aussi d’une licence bancaire européenne en Lituanie), est d’abord une plateforme de banque en ligne qui s’est diversifiée depuis sa création il y a une petite dizaine d’années. En effet, d’une simple néobanque en ligne, Revolut s’est enrichie de multiples services comme le trading de cryptomonnaies, l’envoi de cartes cadeaux, de dons, ou encore l’achat d’assurances diverses. Idem pour Paypal (paiement en ligne, transfert d’argent ou échelonnement sans frais), ou Uber dont les choix sont, là aussi, assez restreints (transport de personnes et livraisons de plats et de denrées alimentaires). Dans l’entreprise, le concept de super application n’existe pas non plus, nous parlons surtout d’écosystème, bref d’une plateforme ouverte via des API (souvent des PaaS) qui permet à divers prestataires et ISV de développer des nouveaux services. Depuis la reprise de Twitter (X désormais), Elon Musk ambitionne de transformer cette plateforme en superapp pour proposer engendrer des revenus récurrents. Ce n'est pas encore fait.