Bien implantée en Europe, la marque de mode hommes Celio veut maintenant s'imposer à l'international. Elle est déjà présente dans près de 70 pays et renforce sa présence en Asie et Europe centrale. Pour supporter cette stratégie, elle transforme ses systèmes d'information et table notamment sur la base de données en mémoire HANA de SAP. « Notre projet renouvelle à peu près tout », a témoigné Laurent Rousset, DSI de Celio, lors du SAP Innovation Forum qui s'est tenu le 10 avril à Paris. A l'horizon 2018/2020, l'objectif est que la chaine de gestion logistique du groupe couvre les différents continents en s'appuyant sur des processus temps réel.

Dans le domaine du retail, 80% de l'innovation se fait via la technologie, a expliqué Laurent Rousset. Quand l'équipe informatique de Celio a commencé à imaginer le temps réel, le métier n'y pensait pas encore, assure-t-il. « C'est aussi la force de l'IT de s'approprier la technologie, d'être pro-active et pas seulement réactive », estime le DSI. « Les besoins changent, on passe d'un mode très « batché » à une instantanéité. Si on n'est pas dans l'instant de la prise de décision, c'est déjà trop tard. » 

De la finance aux magasins virtuels

Celio a commencé par retenir HANA pour son datawarehouse BW. Il s'agissait encore d'un projet purement décisionnel ce qui, à ce stade, n'était pas forcément très audacieux, commente Laurent Rousset. Car au départ, la DSI n'avait pas pensé à mettre l'ERP sur HANA. Inspiré par la NRF, fédération du retail qui organise chaque année le BIG Show, rendez-vous incontournable du secteur à New York, Celio fait aussi le choix de la base in-memory pour l'ERP. « Prendre ce chemin, c'était déjà gagner du temps, c'est un point très tactique car HANA sera incontournable chez SAP », estime le DSI de Celio. 

Au-delà du décisionnel, la base commence donc à être utilisée pour les processus. « Par exemple, la finance fonctionne déjà sur le temps réel », indique Laurent Rousset. « Nous avons fait un choix pour l'avenir, pour être plus performant de la finance jusqu'aux magasins virtuels ». Pour la gestion des stocks, Celio s'appuie sur des capacités de distribution finies. Il produit à l'avance et fait des paris sur les collections. Tant que le stock est en entrepôt, il ne se déprécie pas. Il faut l'amener du fournisseur à la logistique et de la logistique au magasin au tout dernier moment. « Nous avons un temps logistique de deux jours, nous devons pouvoir le réduire encore, en réagissant en fonction de la météo », estime Laurent Rousset.

Réagir en quelques heures à un changement de législation

Autre secteur, autre problématique pour le groupe suisse Givaudan, également invité à témoigner sur SAP Innovation Forum. Cet industriel de la parfumerie et des arômes s'adresse à de grands clients BtoB. Des milliers d'ingrédients interviennent dans la fabrication de ses produits qui doivent respecter les règles de conformité des pays où ils seront distribués. Givaudan s'est intéressé à HANA dès 2011 en se demandant s'il pourrait répondre à ses besoins spécifiques. « Ce fut du sur-mesure, nous sommes partis de zéro en démarrant un PoC très séduisant, puis nous avons développé avec SAP un moteur de conformité pour les calculs liés aux réglementations », a expliqué Adrien Gonckel, CIO de Givaudan. Il se souvient que le développement commun n'a pas toujours été facile « car nous étions confrontés à la jeunesse de HANA. Il y avait alors beaucoup d'instabilité ».

Aujourd'hui, le créateur d'un produit sait dès le départ s'il sera en conformité avec la réglementation du marché cible. « Un parfumeur à Paris peut créer en temps réel un parfum pour la Chine sans connaître les lois du pays, mais en sachant qu'il sera conforme à la législation chinoise », assure le CIO. « Nous sommes capables de réagir en quelques heures à tout changement de législation alors qu'auparavant, cela pouvait générer des mois de problèmes ».

Givaudan achète beaucoup de produits naturels (lavande, roses...) dont la qualité n'est pas constante alors que le produit doit au contraire offrir une qualité constante. Il crée pour ces matières premières des formules permettant de disposer d'une uniformité dans le produit. Quand les règlementations changent, ce qui arrive souvent, il faut calculer les impacts sur les produits. « Ce qui prenait auparavant 7 à 8 mois se fait maintenant sans délai », a expliqué encore Adrien Gonckel en soulignant que la complexité avait été multipliée par 100 sur les produits et parfums au cours des cinq dernières années.