Cette situation est analysée par Hubert Barkate, président d'Adhara, qui connaît bien le problème puisqu'il propose des formations « spéciales DIF » dans son catalogue et milite pour que ce droit soit reconnu comme bénéfique, à la fois pour les entreprises et les salariés. « Même si certaines entreprises ont pris les devants et bien mesuré les enjeux du DIF, grand nombre de PME et plus encore de TPE ne disposent d'aucun service spécifique à la formation et ne sont donc pas encore armées pour faire face au DIF », indique-t-il. Un risque financier « apocalyptique » pour l'entreprise qui oublierait la mise en oeuvre du DIF Et de développer le triple risque auquel s'exposent les entreprises qui ne prennent pas en compte le DIF : « Tout d'abord, il y a un risque social en cas de non information des salariés. Ils sont en droit de se demander pourquoi dans le cadre même de leur entreprise ils n'ont pas été informés. Ensuite, un risque de désorganisation opérationnelle plane sur l'entreprise. Nous n'imaginons peut-être pas ce que 20 heures cumulables sur 6 ans peuvent représenter si elles ne sont pas « consommées ». Une PME de 14 salariés qui n'aurait pas incité la mise en place d'actions de formation dans le cadre du DIF aura, au bout de cette période, une « dette » en heures de formation représentant une année de travail d'un salarié ! Ce scénario « apocalyptique » viendrait cannibaliser tous les effets bénéfiques escomptés pour l'entreprise et pour le salarié. Enfin, il existe un risque financier car le budget formation pour l'entreprise risque d'exploser. Non seulement le volume d'heures de formation augmente puisque le DIF s'ajoute aux formations du plan, mais si trop de salariés cumulent leurs droits, les dépenses peuvent être très importantes à terme. La même PME de 14 salariés qui n'aurait formé aucun de ses salariés dans le cadre du DIF aurait, au bout de 6 ans, à financer 1 680 heures de formation ! » L'alerte d'Hubert Barkate n'est pas un fantasme. L'enquête de la Cegos révèle en effet qu'une majorité de salariés a une stratégie de capitalisation : 70% ont l'intention de cumuler leur droit annuel sur plusieurs années, et 30% de le prendre au fur et à mesure. Aux entreprises de montrer la voie pour tenter d'inverser la tendance afin d'éviter le bouillon financier annoncé !