Autre utilisateur de Gmail, le groupe Partouche a ouvert un millier de comptes de messagerie, sur 1 200 prévus au final. La DSI de cette société repartie sur 42 sites a choisi d'impliquer la direction des ressources humaines sur le projet. « La holding est là pour conseiller, il faut faire adhérer les utilisateurs aux produits », a expliqué le DRH, Benjamin Castaldo. Un partenaire de proximité a été choisi pour accompagner le projet, la société de conseil et de services NRX. « Ils font vraiment le lien et c'est intégré dans le process », a souligné le DRH. Des utilisateurs référents ont été formés à Gmail, sélectionné par le biais d'un mini concours interne, une formule très bien accueillie. « Ils ont répondu très vite et sont tous venus aux réunions d'information à Paris », a rapporté le DRH. Le projet a par ailleurs été mené en quelques semaines. « La DRH connaît les résistances au changement et la culture d'entreprise. Cela nous a permis de valider que cela pouvait se faire sur un timing très serré. Nous avons signé début mars et le projet se termine en ce moment. Les utilisateurs s'y mettent plus facilement car ils utilisent Gmail chez eux », relève Benjamin Castaldo en constatant que l'outil mis en place génère aussi de nouvelles habitudes de travail dont le partage de documents. « Nous avons besoin de faire communiquer les gens entre eux ». Des communautés se sont créées, d'abord autour des référents ayant assisté à la formation à l'outil, suivie d'une autre portant sur la sécurité.

Création de communautés aussi chez Bonduelle avec le réseau social Google+ pour accompagner une transformation de culture dans l'entreprise, a expliqué de son côté Marie-Charlotte Bouchery, directrice infrastructure de Bonduelle Groupe. « Nous changeons nos manières de travailler et Google est un facilitateur. L'enjeu porte vraiment sur un changement structurel. Travailler en mode collaboratif, cela permet de révéler des talents et de gagner du temps pour un manager. » Le choix de Google+ s'est fait en juillet 2012 pour une mise en place en novembre de la même année. Fin juin 2013, ce sont 3 500 collaborateurs dans le monde qui y seront connectés (3 000 aujourd'hui). Mais la networking attitude, cela doit aussi s'apprendre, prévient Marie-Charlotte Bouchery, qui ajoute qu'il faut identifier et recruter des ambassadeurs pour en doper l'utilisation au quotidien. Au passage, elle explique qu'un outil a tout de suite pris, le hangout, qui permet les conversations en ligne. Le mode projet s'appuie aussi systématiquement sur Google (auparavant, c'était Lotus Notes). Enfin, le partage de documents de Drive est également mis à profit.


A terme, l'ensemble du SI dans le cloud

Avec le projet mené chez Altran, on passe à la vitesse supérieure sur le périmètre visé. Le groupe français, spécialiste du conseil en innovation, a ouvert 10 000 boîtes mail sur une cible de 25 000. « Nous avons un plan stratégique de transformation de l'entreprise avec un objectif de croissance », a rappelé François Charpe, CIO groupe, en soulignant le développement en Chine où la R&D se renforce. « Lorsque nous rachetons une société, cela se passe très vite. Pour moi, un DSI doit se préoccuper du métier et s'affranchir de l'informatique. Il y a deux ans, j'ai dit qu'à terme, mon système d'information sera dans le cloud », a-t-il planté d'emblée en soulignant qu'Altran comporte une population d'ingénieurs jeunes qui ne sont pas présents dans l'entreprise. « Il y a 20 000 terminaux mobiles de toute nature qui ne nous appartiennent pas et sont connectés au SI de l'entreprise ».

Pour François Charpe, l'email, c'est un service de base. En mars 2012, le groupe l'a externalisé dans le cloud sans rien imposer de nouveau. « Je ne change pas les habitudes, chacun peut accéder à sa messagerie via Outlook », a-t-il expliqué. « Les autres services associés ne sont pas activés ». Ce qu'il apprécie avec l'offre Google, c'est que la gestion des terminaux (device management) est intégrée, ce qui apporte un minimum de sécurité. Quant aux questions liées au Patriot Act auxquels sont soumis les fournisseurs américains(*), il rappelle qu'elles ne sont pas arrivées avec le cloud mais se posaient déjà avec les contrats d'infogérance.

(*) Le Patriot Act contraint les sociétés américaines qui gèrent des données pour leurs clients à transmettre celles-ci aux autorités américaines en cas d'enquête anti-terroriste.