C'est Emilie Van Deventer, spécialisée sur les questions de radiofréquence et santé à l'OMS (Organisation mondiale de la santé), qui a présenté à l'assemblée ainsi réunie l'état des connaissances scientifiques. Selon ses conclusions, il existe des doutes sur l'utilisation du téléphone mobile, mais il n'y a pas encore d'éléments sur la dangerosité des antennes. « Nous sommes dans le processus d'acquisition des connaissances », rappelle le professeur Girard, en reconnaissant que d'autres intervenants dans ce débat souhaitent citer telle ou telle autre étude faisant état de conclusions différentes. « Il faut aider la société à faire face à l'incertitude scientifique, c'est l'esprit des séances de travail que je préside », affirme-t-il. D'un côté, il est dit que telle étude va prendre dix ans alors, qu'entre temps, trois générations de téléphones portables seront sorties. Dans le même temps, alors qu'il est demandé aux opérateurs de couvrir l'ensemble du territoire, les citoyens accueillent mal l'installation de nouvelles antennes-relais. « Il faut sortir d'une situation qui n'est pas viable en acceptant d'instruire un débat de société afin de proposer des mesures qui vont aider à faire face aux incertitudes scientifiques, sans tourner le dos au progrès ni prendre de risques. Le débat doit être pluraliste, aucune idée n'est taboue. L'intérêt est que tout le monde accepte de se parler en direct, résume le professeur Girard. Hier, nous avons fait des progrès ». Les associations citeront deux autres scientifiques Jean-Marie Danjou, délégué général de l'AFOM (Association française des opérateurs mobiles), qui participait aux débats estime qu'il s'est trouvé au moins « deux points de consensus » lors de cette première réunion de travail. « Il y a aujourd'hui une crise et l'intervention de l'Etat est salutaire. Nous devons nous écouter les uns les autres et débattre dans le respect ». Il propose de traiter de l'ensemble des services radio (téléphonie mobile, radio, télévision, Wi-Fi, Wimax, etc.), de faire des propositions visant à protéger la santé et répondre à l'inquiétude et de construire un dispositif pérenne de suivi. Il suggère aussi que « l'Etat dise clairement pourquoi il a retenu telle proposition et pourquoi il a écarté telle autre ». Deux autres réunions complémentaires sont prévues les 14 et 15 mai prochains. « La réunion du 14 mai sera consacrée à la façon dont on peut organiser le débat local sur ces questions, annonce le professeur Girard. Comment aider le maire d'une commune de 300 habitants à répondre à ces administrés, par exemple. Faut-il définir une charte d'installation des antennes, diffuser une information préalable, etc. Il est également prévu de faire intervenir de nouveaux scientifiques. Hier, il est apparu que certains participants considéraient qu'exposer seulement la synthèse de l'OMS était loin d'être suffisant. « Nous aurons donc un débat complémentaire avec quatre autres scientifiques dont deux seront cités par les associations », a indiqué le professeur Girard.