A l'issue de la période de volontariat, ouverte du 21 juin au 5 juillet dans le cadre du plan de restructuration touchant la filiale française de HP, le groupe doit composer avec un nombre de salariés désireux de quitter leur employeur supérieur à ses attentes. Ainsi, ce sont 346 volontaires excédentaires qui se sont déclarés, en plus des 834 initialement prévus : "on s'y attendait, note Fabrice Breton, délégué syndical national CFTC. Surtout en ce qui concerne HP France, la partie commerciale du groupe, qui regroupe des populations plus mobiles que dans la branche industrielle". Pas de désignation, pas de licenciement Les 346 départs volontaires excédentaires devraient contribuer à limiter la quantité de licenciements et de départs forcés. "Il n'y aura pas du tout de désignation", se réjouit Fabrice Breton. Didier Pasquini, son collègue de la CFE-CGC le rejoint : "c'est une bonne nouvelle" ; mais il se veut plus prudent et souligne qu'il serait inenvisageable que la direction procède maintenant à des départs forcés. Il rappelle en outre que "le nombre de volontaires plus élevé que prévu illustre l'état de démotivation qui règne dans l'entreprise. Un sentiment entretenu par le groupe, qui rappelait encore récemment que sa priorité n'était pas d'inciter les gens à rester". La question qui taraude désormais les représentants du personnel est : la direction va-t-elle accepter tous les départs volontaires ? "Il le faut, plaide Didier Pasquini. Les retenir serait contre-productif pour l'entreprise et dommageable à titre individuel". Son collègue de la CFTC se montre plus définitif : "la direction accepte tous les volontaires en excédent contre des réembauches d'ici à la fin 2007". Dans les faits, HP serait prêt à recréer autant de postes que de volontaires au départ dans la branche commerciale mais hésiterait encore en ce qui concerne la partie industrielle. Quoi qu'il en soit, pour Didier Pasquini "il faut qu'à la fin 2007 nous soyons revenus à l'effectif prévu initialement". Des conditions de départ avantageuses mais gare aux mirages Au-delà de la démotivation qui a pu toucher de nombreux salariés à l'annonce du plan social, quelles raisons expliquent l'important contingent de volontaires ? "Si la direction a consenti à mettre en oeuvre des conditions financières intéressantes, nous avons fait en sorte qu'il y ait d'autres garanties", explique Didier Pasquini. Ainsi, de nombreux salariés ont été accompagnés dans la recherche d'un nouvel emploi. Ils sont 369 à avoir démarré ou finalisé un CDI avant même d'avoir quitté HP. "Nous avons également contribué à dégager une aide importante à la création d'entreprise", poursuit Fabrice Breton. Parmi les volontaires, 156 se sont découvert une vocation d'entrepreneur et 63 autres finalisent leur projet, profitant de la possibilité qui leur est laissée de quitter HP tout en continuant à faire momentanément partie des effectifs. Une soixantaine d'employés souhaite en outre procéder à une reconversion : "on voit de nombreux projets de reconversion totale : certains veulent devenir instituteurs, d'autres ouvrir un restaurant..." illustre Fabrice Breton. Enfin, les volontaires restants constituent ce que Didier Pasquini nomme la zone à risque : "parmi eux, certains regretteront leur choix de partir". Car, si les conditions de départ semblent avantageuses, "il faut éviter de tomber dans la caricature montrant un chèque de départ conséquent", rappelle Didier Pasquini qui conclut sur une anecdote : "j'ai rencontré sur le quai d'une gare un salarié qui s'était porté volontaire lors du plan social de 2003. Il n'a retrouvé un emploi qu'en janvier 2006. Derrière l'euphorie du gros chèque, il y a souvent des regrets".