Le groupe, soutenu par 300 entreprises, un nombre porté aujourd'hui à 334, envisage d'atteindre les 2 000 pour constituer un portefeuille de licences et de brevets permettant de  protéger la communauté Linux contre d'éventuelles poursuites relatives à la propriété intellectuelle. En plus des sociétés nommées ci-dessus, on trouve aussi parmi les nouveaux membres le groupe OpenStack qui soutient une solution Open Source de Cloud Computing, plus de nombreuses entreprises plus petites supportant Linux et l'open source. En outre, Google - actuellement aux prises avec des poursuites judiciaires pour ses utilisations de Linux dans Android - est passée d'un statut de titulaire au statut de membre associé, rejoignant Canonical et Ubuntu, deux figures phares du monde Linux et seules entreprises à bénéficier d'un statut d'adhérent aussi important auprès de l'OIN. Yahoo a également rejoint le groupe l'an dernier comme titulaire.

« L'une des menaces majeures pour Linux - le cas opposant SCO Group à Novell, dans lequel SCO revendiquait des portions du code Unix dans Linux et réclamait des royalties à tous les éditeurs Linux - était en parti réglée - SCO a été débouté de ses demandes par la justice en 2007 - au moment de la création de l'Open Invention Network, mais des menaces demeurent, » selon Keith Bergelt, le CEO d'OIN. Pour l'instant Microsoft a mis de côté sa revendication selon laquelle Linux et certains logiciels open source violaient 235 de ses brevets, mais « dans les coulisses, Microsoft reste toujours très actif, » a-t-il déclaré. Selon lui, si la part de marché de Windows continue à perdre du terrain, Microsoft pourrait revenir à la charge. « Ils continueront à représenter une menace potentielle contre Linux, » a t-il déclaré. Mais Microsoft n'est pas la seule entreprise susceptible de menacer Linux, selon le CEO d'OIN. « Cela concerne tous ceux qui soutiennent des plates-formes propriétaires et possèdent un portefeuille de brevets important qu'ils veulent continuer à utiliser pour être en mesure de décourager un autre choix, » explique-t-il. « Il y en aura toujours qui verront en Linux un empêcheur de tourner en rond, quelque chose qui perturbe leur vie. »

Agnostique, mais mention spéciale pour Android


« L'objectif de l'OIN n'est pas d'empêcher l'usage légitime des brevets pour obtenir des redevances quand certains profitent de vos inventions, » explique Keith Bergelt. « L'objectif est de favoriser un environnement ouvert dans lequel les gens peuvent innover sans être soumis à des prétentions excentriques, et de faire en sorte que l'industrie technologique ne soit pas dominée par « l'innovation incrémentale, un euphémisme pour la médiocrité, » précise-t-il. Les titulaires de licence de l'Open Invention Network peuvent avoir accès aux brevets détenus par l'OIN et acceptent d'inclure leurs propres brevets liés à Linux dans un système de licences croisées. Les brevets de l'OIN couvrent un large éventail de technologies. « Parmi les catégories visées, on trouve les logiciels de sécurité, ceux du traitement des transactions, du e-commerce mobile, et des logiciels biométriques pour appareils mobiles et PC, » détaille Keith Bergelt. Les brevets mobiles en général sont dans la ligne de mire de l'Open Invention Network, qui soutient notamment des projets comme MeeGo et webOS. L'OIN est « agnostique et ne cherche pas à influer ou à miser sur la plate-forme gagnante, » mais, compte tenu du leadership actuel d'Android sur le marché, l'association estime logique de mettre un accent particulier sur le système d'exploitation mobile de Google basé sur Linux. Les fabricants d'appareils sous Android ont du faire face à des poursuites de la part d'Oracle et de Microsoft au sujet de la propriété intellectuelle du code. « Parce qu'Android tient la place la plus importante en termes de part de marché, nous aimerions faire en sorte qu'il soit solide, » a déclaré le CEO d'OIN.

Même si l'Open Invention Network a été fondé par certains des plus grands acteurs du secteur technologique, il s'est longtemps concentré sur les petites entreprises qui n'auraient autrement pas les moyens de se protéger contre les poursuites. Pour sa dernière campagne d'adhésion, l'OIN a cependant déplacé son attention vers les grands de l'industrie, comme Facebook, par exemple, gros utilisateur de Linux dans ses centres de calcul. Keith Bergelt prédit qu'avec le temps, des entreprises comme IBM et HP finiront par modifier leur stratégie relative aux brevets, qu'elles déposeront moins de demandes, mais se concentreront davantage sur celles qui protègent les inventions fondamentales et peuvent servir ensuite à les défendre contre d'éventuelles poursuites judiciaires.