Ainsi, il est apparu que, avant le 25 décembre, date à laquelle le citoyen nigérian Umar Farouk Abdulmutallab a tenté de faire exploser le vol Amsterdam-Detroit sur lequel il a pu embarquer alors qu'il était en possession d'un engin explosif, son père s'était inquiété de la radicalisation politique de son fils. Au point qu'il en avait fait part aux fonctionnaires de l'ambassade américaine au Nigeria. De leur côté, d'autres organismes du renseignement avaient également recueilli des informations sur Abdulmuttalab, concernant notamment un voyage au Yémen pendant lequel il aurait rencontré les membres d'un groupe terroriste proche d'Al-Qaida. Le bilan publié hier, fait état d'un manquement global et pointe sur la défaillance des agences de renseignement pour «relier les informations entre elles», alors qu'elles disposaient de suffisamment d'éléments pour potentiellement identifier et empêcher cette attaque. Le rapport se montre même plus sévère, puisqu'il ne met pas en cause le partage d'informations entre les agences de sécurité gouvernementales. L'échec des services de renseignement vient de leur incapacité dans «l'identification, la mise en corrélation et l'élaboration d'un scénario cohérent à partir des éléments de renseignement disparates détenus par le gouvernement américain." Recoupements informatiques difficiles entre les différentes bases de données Le rapport attribue en partie les raisons de cet échec aux technologies de l'information utilisées par les services de renseignements travaillant contre le terrorisme : "elles n'ont pas permis de confronter les données disponibles de manière suffisamment pertinente pour conduire les analystes vers l'éventualité d'une telle menace." C'est pourquoi il demande à Dennis C. Blair, Director of National Intelligence, qui dirige l'ensemble des services de renseignement américains, , de "procéder à la mise à niveau rapide de ces nouvelles technologies,» notamment celles utilisées dans des domaines comme la recherche d'informations, l'intégration des différentes bases de données entre elles ou le recoupement des informations. Le rapport lui demande également d'améliorer les capacités permettant de relier les données biographiques des personnes avec celles des services de renseignements chargés de la lutte contre le terrorisme. « Le rapport ne fait que rappeler le défi posé depuis un certain temps à la communauté du renseignement, » a déclaré James Lewis, directeur et membre émérite du Center for Strategic and International Studies (CSIS), qui a soumis une série de recommandations sur la cyber-sécurité au président Obama en janvier dernier. « Les services du Director of National Intelligence, l'un des organismes chargé d'analyser et d'intégrer les données sur le terrorisme recueillies par le gouvernement américain, se bat depuis des années pour accomplir cette mission, » a t-il dit. Ajoutant : «Dans le passé, le patron du contre espionnage chargé de lutter contre le terrorisme disposait de 11 ordinateurs différents, parce qu'aucun d'entre eux ne pouvait communiquer avec les autres", a-t-il expliqué. « Nous avons commencé à normaliser l'acquisition de ces technologies, mais nous avons encore des progrès à faire, » a déclaré Lewis. Faisant référence à l'attaque manqué contre l'avion de ligne, il a conclu: « dans ce cas particulier, les éléments étaient éparpillés à plusieurs endroits différents et nous ne les avons pas réuni. »