L'échec du dossier médical personnel (DMP) appartiendrait-il  au passé ? Tout laisse à le penser puisque l'Asip Santé (agence des systèmes d'information partagés de santé) vient de confirmer la mise en production du projet. Celui-ci avait d'abord été initié en 2004, avant d'être abandonné pour des insuffisances relatives à la sécurité des données, puis  finalement relancé en 2008. Mais il faut ajouter un mot sur le danger de l'accès illégal  au dossier par les mutuelles privées et des banques. Quoiqu'il en soit, à partir d'avril prochain, les patients qui le souhaitent pourront  accéder au DMP via Internet sur le site dmp.gouv. Au printemps prochain, le service commencera également de se généraliser avec la mise à jour des logiciels des professionnels de santé nécessaire à l'utilisation du dossier. Le DMP est un outil totalement dématérialisé qui rassemble les informations médicales relatives à un patient et nécessaires à la coordination des soins : prescriptions, synthèses médicales, compte-rendus, résultats d'analyse, mentions d'allergie. Il ne revêt pas de  caractère obligatoire et n'a pas d'impact sur le niveau de remboursement des soins.

Sécuriser les échanges et garantir la confidentialité des données

« Les enjeux passés ont été résolus, assure Christian Saout, président du CISS (Collectif inter associatif sur la santé). Pour que le DMP ne soit pas perçu comme un outil de dérégulation des services de santé, nous avons décidé de ne plus le rendre obligatoire. En outre le patient dispose désormais d'un « droit au masquage », c'est-à-dire qu'il peut, dans certaines circonstances, occulter certaines informations de son dossier. » Pour l'heure, certains chantiers sont actuellement en cours pour favoriser son déploiement. « Nous devons travailler sur la mise en oeuvre de la messagerie sécurisée pour que les professionnels de santé puissent échanger entre eux, insiste Jacques Lucas, vice-président du CNOM (Conseil national de l'ordre des médecins)  De plus, le rapport d'audit relatif à protection de la confidentialité des données, sujet qui nous importe particulièrement, tarde à se mettre en place. Nous devons  également prioriser la mécanique d'accompagnement du DMP en ville et dans les milieux hospitaliers. »
Jusqu'en mars prochain, l'Asip Santé accompagnera les premiers pas du dossier médical personnel, en travaillant avec plusieurs établissements et professionnels de santé qui testent  le service dans plusieurs régions, notamment en Alsace, Aquitaine, Franche-Comté, Picardie et Rhône-Alpes.

En Picardie, 400 professionnels de la santé sont équipés

La région Picardie s'est fortement investie sur le sujet : intégration au SROS (Schéma Régional d'Organisation. Sanitaire) d'un volet « système d'information régional de santé », appui aux recompositions de la filière informatique de santé, développement du Dossier Santé Picardie (version régionale du DMP) et de la télémédecine sont à souligner.  «Aujourd'hui, 400 professionnels de la santé ont adhéré au DMP, expose Christophe Jaquinet, directeur général de l'ARS (Agence régionale de santé) Picardie. Mais le pari ne sera pas simple à gagner. Nous devrons faire campagne, non seulement auprès des patients et des établissements publics, mais également auprès des médecins libéraux pour qu'ils acceptent d'adhérer au service. »
En attendant, le déploiement du DMP sur le plan national  s'appuiera sur trois leviers complémentaires qui permettront de développer son usage  : déploiement technique des logiciels compatibles DMP par leurs éditeurs, maillage selon une logique territoriale (visant à coordonner le déploiement par territoires de santé en veillant à ce que l'établissement de soins de référence, les plateaux techniques et le secteur ambulatoire adoptent le DMP de façon synchrone) et développement des usages selon une logique métier (mise en place d'un dossier communicant de cancérologie, raccordement du dosser pharmaceutique au DMP, migration des dossiers partagés de réseaux vers ce carnet de santé virtuel).

Crédit photo: Ministère du Travail, de l'Emploi et de la Santé