L'Anti-PowerPoint Party (APPP) suisse a calculé que l'utilisation d'un logiciel de présentation coûtait à l'économie suisse 2,1 milliards de francs suisses (1,7 milliard d'euros) par an, et que sur l'ensemble de l'Europe, ils entraînaient une perte économique de 110 milliards d'euros. L'APPP fonde ses calculs sur des hypothèses non vérifiées qui prendraient en compte le nombre d'employés assistant à des présentations chaque semaine, et suppose que dans 85% des cas, l'objectif de ces présentations n'est pas clair pour les participants.

Le système démocratique suisse participatif permet aux citoyens de demander la tenue d'un référendum national sur presque n'importe quel sujet, à condition d'être capables de réunir les signatures de 100 000 électeurs. L'APPP cherche des soutiens pour mener un référendum national où il demanderait d'interdire l'utilisation du logiciel de présentation PowerPoint, et d'autres logiciels de ce genre, sur tout le territoire suisse. Il prévoit également de présenter des candidats aux élections nationales en octobre. Mais, les ambitions du parti ne s'arrêtent pas là : son site internet est publié dans les trois langues officielles du pays - allemand, français et italien -  et certaines pages sont également disponibles en croate, anglais, russe, slovaque et espagnol. « Nous voulons que le monde prenne acte de cette campagne. Et le monde entier peut s'exprimer à ce sujet et s'engager, si cette campagne est accessible à tous les individus, où qu'ils se trouvent sur la planète. Nous sommes ouverts à toutes les autres langues. Nous avons juste besoin de bénévoles pour traduire le site, » a déclaré Matthias Poehm, fondateur et président de l'APPP, et par ailleurs coach pour l'expression en public à Bonstetten, dans la banlieue de Zurich. « Nous avons des membres, bénévoles, qui étaient tellement heureux de participer qu'ils ont traduit l'intégralité du site en croate. La même chose est arrivée avec le slovaque ! »

Une grogne déjà ancienne contre les PowerPoint

Le président de l'APPP n'est pas le premier à exprimer son dégoût vis-à-vis de PowerPoint. En 2003 déjà, Edward Tufte, un spécialiste de la représentation visuelle de données numériques a publié un essai intitulé « Le style cognitif de PowerPoint », dans lequel il accusait le logiciel de Microsoft de réduire notre capacité à penser. Et l'année dernière, le New York Times avait même mis en garde : « Nous avons trouvé notre ennemi. C'est PowerPoint, » en parlant de l'utilisation, par l'armée américaine, de présentations incompréhensibles pour expliquer sa stratégie. L'APPP pourrait peut-être trouver des soutiens au niveau international, mais le parti est encore loin des 100 000 supporters de nationalité suisse dont il aurait besoin pour imposer un référendum. Depuis sa création, le 5 mai dernier, l'APPP comptabilise seulement 245 membres, ce qui n'est pas énorme pour un parti politique auquel tout le monde pourrait adhérer. La seule chose que les membres doivent payer, c'est la version complète du manifeste du parti, détaillé dans le livre « L'erreur PowerPoint » écrit par Matthias Poehm : 17 euros pour les membres, au lieu de 27 euros, prix public.

Alors est-ce juste une façade promotionnelle ? « Oui, c'est un outil pour promouvoir mon livre. Mais ce n'est pas seulement ça, » a déclaré son président et auteur. « Cette question va sensibiliser tous ceux qui ne savent toujours pas qu'il y a une alternative à PowerPoint et que cette alternative permet d'avoir un impact trois à cinq fois plus important sur le public qu'avec PowerPoint, » a-t-il dit. « Nous voulons aussi... que les élèves des écoles ne soient pas punis parce qu'ils n'utilisent pas PowerPoint, » a-t-il ajouté. Pour Matthias Poehm, l'alternative, c'est le modeste tableau de conférence à feuilles blanches, dont il vante la valeur parce qu'il encourage la créativité et qu'il oblige à une présentation vivante. L'objectif de Matthias Poehm n'est pas vraiment d'interdire l'utilisation des logiciels de présentation. « Avec l'APPP, nous voulons juste que les gens prennent conscience de ce problème et qu'ils sachent qu'il existe des solutions de rechange. Elles sont disponibles, mais personne ne les utilise. » Jusque-là, Microsoft n'a pas fait de commentaires sur l'annonce de l'Anti-PowerPoint Party, ni sur ses projets.

Illustration principale : Matthias Poehm, de l'Anti-PowerPoint Party, fait une présentation sur un tableau blanc. Crédit IDG NS