Bernard Carayon doit être ravi. Le député du Tarn qui avait, dans un rapport remis au Premier ministre début octobre, préconisé l'usage des standards ouverts dans la création et les échanges de documents administratifs, aura, dès 2007, -et s'il est ré-élu-, la possibilité d'utiliser Linux et OpenOffice sur son poste de travail de l'Assemblée nationale. Le Parlement a décidé d'équiper les 1154 postes de travail Windows (les 577 députés ont le droit de posséder deux postes chacun) d'un OS Linux, du navigateur Firefox, de la suite bureautique OpenOffice et d'une solution de messagerie et d'agenda libre. "Une partie de l'infrastructure serveur composée d'Apache, Linux, Mambo et SQUID reposait déjà sur les logiciels libres, confie Olivier Connan, porte-parole de l'Assemblée. On étend l'utilisation des logiciels libres au delà des serveurs pour la pousser sur les postes de travail. Une petite révolution pour une aussi grande communauté administrative." Pour l'Assemblée, la migration d'un environnement Microsoft vers l'Open Source rime avec économie de coût. "Les solutions libres [..] permettront de réaliser de substantielles économies en dépit de certains coûts de mise en oeuvre et de formation", explique-t-elle dans un communiqué, en s'appuyant sur les résultats d'une étude menée notamment par Atos Origin et commanditée par le président de l'Assemblée et les questeurs. "La décision a également été prise sous l'impulsion de certains députés sensibilisés aux logiciels libres", ajoute Olivier Connan. Peu d'interventions externes Le chantier de migration devra être finalisé rapidement, dès la prochaine législature. "Il faut que l'ensemble soit opérationnel pour la fin juin-début juillet 2007, quelques jours après les élections qui auront lieu les 10 et 17 juin", déclare Olivier Connan. "Aucun prestataire n'a été retenu pour le moment, un appel d'offre devrait rapidement être lancé. Mais l'implantation sera faite pour l'essentiel par le service informatique de l'Assemblée." L'Association pour la promotion et la recherche en informatique libre (April) se félicite d'emblée de cette décision: "La dotation en logiciels libres des postes des députés illustre une nouvelle fois les qualités de ces logiciels, permettant à l'Assemblée nationale d'avoir une meilleure maîtrise sur ses équipements, sans dépendance vis-à-vis d'une entreprise donnée, avec une meilleure utilisation de l'argent public», a déclaré Benoît Sibaud, président de l'April, dans un communiqué. Le Libre se fraye un chemin en France Les standards ouverts ainsi que les logiciels libres ou Open Source s'installent dans l'administration française. En point d'orgue, le chantier de migration des postes de travail de la Mairie de Paris, mais également celui des ministères de l'Intérieur (qui troquent leur messagerie Exchange vers une Open Source) et de l'Equipement (le projet Equilinux qui englobe la migration des serveurs sur MandrakeLinux). Plus globalement, le gigantesque chantier Adele (Administration ELEtronique), interminable projet de refonte, doit prendre en compte les contraintes d'interopérabilité entre les divers systèmes d'informations de l'Administration. Et cela passera probablement par l'adoption du format ouvert OpenDocument, comme le préconisait le député Bernard Carayon, début octobre.