Apple a eu beau peindre un portrait sombre des netbooks en leur reprochant leur clavier exigu et leur équipement minimaliste, ces PC ultra-portables et bon marché n'en connaissent pas moins un succès commercial d'ampleur. Selon IDC, leurs ventes au 1er trimestre 2009 auraient ainsi atteint 4,5 millions d'unités, soit sept fois plus qu'un an auparavant. Et sur cent PC écoulés au cours de la période, huit étaient des netbooks. Une performance d'autant plus remarquable que sur le même laps de temps, les livraisons totales, tous types de machines confondus, reculaient de 7%. A quelque chose malheur est bon : la crise, qui a contribué à éloigner les consommateurs du marché des PC, les a parallèlement incités à se tourner vers les netbooks, qui tirent ainsi largement leur épingle du jeu grâce à leurs prix plancher. Cette vitalité des ventes de netbooks illustre également, explique IDC, un usage des PC en mutation : depuis les étudiants qui n'ont besoin que d'une machine pour prendre des notes jusqu'aux professionnels nomades ne souhaitant pas se lester d'un ordinateur poids lourd, la course à la puissance devient un schéma éculé. « Les vendeurs prennent en considération la demande des consommateurs pour une informatique adaptée à leurs besoins réels. Tous ne nécessitent en effet pas la puissance d'un Core 2 Duo. La plupart du temps, l'utilisation d'un processeur ne dépasse pas 5% », précise l'analyste Jay Lou. Vers 50 millions d'unités en 2010 La vague sur laquelle surfe le marché des netbooks ne devraient pas se dégonfler cette année : IDC estime que le volume des ventes devrait doubler par rapport à 2008, pour atteindre 22 millions d'unités, avec des pics saisonniers sur les périodes de rentrée des classes et de fêtes de fin d'année. Aux yeux d'Acer, ces prévisions sont trop prudentes : le constructeur taiwanais, qui a su se hisser en tête des ventes avec son Aspire en dépit d'une entrée tardive sur le marché, table sur des ventes de 25 à 30 millions de netbooks en 2009, puis 50 millions en 2010. Rapportée aux projections des cabinets d'analyse, cette prédiction suppose qu'un PC sur quatre vendu l'année prochaine sera un netbooks. Si cette vaticination était avérée, le marché de la micro-informatique s'en trouverait certes dopé. Mais cela traduirait également un ralentissement important des revenus des grands constructeurs, dont le quart de l'activité PC serait alors constituée de machines peu dispendieuses et génératrices de faibles marges. Des marges d'autant faibles que les netbooks embarquent très majoritairement Windows : si, dans les premiers temps, les OS libres pouvaient permettre aux constructeurs de tirer leur épingle du jeu, l'inclusion presque systématique de Windows les oblige désormais à rogner sur leur bénéfice pour conserver des prix de vente attractifs.