Le 10 septembre dernier, à l'occasion du l'ouverture du Superbowl, un groupe de pirates informatiques a lancé la plus grande vague d'attaques utilisant la méthode « storm worm ». Cette technologie de piratage, apparue au début de l'année et de plus en plus pratiquée, permet d'asservir la puissance non utilisée des ordinateurs infectés. « L'idée en soi n'est pas nouvelle, ils n'ont fait que reprendre le concept de puissance de calcul décentralisée, lancé il y a quelques années par le SETI (Search for Extraterrestrial Intelligence)», nous explique Marc Blanchard, responsable des recherches scientifiques antivirus de Kaspersky Lab. A l'époque il s'agissait d'utiliser la puissance non utilisée des ordinateurs personnels de volontaires, via un screensaver. « Ce que les pirates veulent, c'est disposer d'une énorme puissance de calcul, en parasitant un maximum de machines, transformées en PC zombie par le code malicieux qu'ils ont réussi à y introduire. » Une infection totalement transparente Le processus est le suivant, les gangs de pirates commencent par envoyer des spams aux ordinateurs ciblés, sans pièce jointe, mais avec un lien Internet pointant vers le code malicieux d'un ver. Une fois, la machine est ainsi contaminée de façon totalement transparente, puisque les pare-feux classiques bloquent les intrusions venues de l'extérieur, mais ne peuvent rien si c'est l'utilisateur, lui même, qui va chercher l'infection. Le ver ouvre une "back door" (une porte dérobée) par laquelle il expédie, à intervalles réguliers, les adresses IP de l'utilisateur. Le pirate pourra ainsi reprendre à son compte la puissance non utilisée de la machine. A partir de là, ce dernier a l'embarras du choix quant à l'utilisation de la puissance accumulée en piratant des milliers de PC. Il peut soit en faire un nouveau point de départ pour une campagne de pourriels, soit attaquer des applications informatiques pour les rendre incapables de répondre aux requêtes de ses utilisateurs. « Il s'agit vraiment d'une très grande menace. Les pirates n'agissent plus "pour la performance", et sont entrés dans une logique de guerre économique », nous explique Marc Blanchard. Pour lutter contre les « storm worm », cet épidémiologiste du web estime qu'il faut « généraliser la défense proactive, c'est à dire les systèmes antivirus capables d'effectuer des analyses heuristiques, et de demander à l'utilisateur son aval à chaque fois que l'ordinateur effectue une opération inhabituelle. »