LMI : Quel est votre souvenir IT le plus marquant de ces 25 dernières années ?
Stéphane Allaire : Ce qui m’a le plus marqué je crois, lorsque j’étais alors à eTF1, c’était le no limit dans la capacité informatique. Je suis arrivé dans l’Internet en 1997, les gens disaient alors que cela ne marcherait pas en raison de la limite réseau et des capacités des machines. Aujourd’hui il n’y a plus de limite et c’est ça qui me plait dans l’informatique. Intel se projette à 7 nm, c’était juste impensable il y a 10 ans. Avec l’IoT c’est pareil, beaucoup de gens disent que l’on va saturer le réseau mobile mais on est capable de traiter un trillion d’événements par jour. Ce qui me plait dans l’informatique c’est de pouvoir rêver grand

Tous les rêves sont-ils donc accessibles avec l’informatique ?

Il y a quelques trucs dont on dit qu’on y arrivera pas. La téléportation ça changerait le monde par exemple, plus de problème de transport, d’aéroport, de trafic routier mais à la place des salles de téléportation…

Quelle a été votre expérience IT la plus marquante ?

Je suis dans les nouvelles technologies depuis 1995. Pour la petite histoire, ce qui m’a donné la passion des nouvelles technologies est un stage que j’ai fait. Les assistantes venaient de recevoir des ordinateurs avec des imprimantes, elles les ont ouvert mais au bout de trois jours avaient repris leur machine à écrire. Après avoir fini le travail que l’on m’avait confié pour mon stage en une semaine, des transferts Linux, on m’a demandé si je pouvais aller les former et leur expliquer en quoi l’informatique allait changer leur vie… Je n’ai pas été payé pour le stage mais les assistantes ont tellement été contentes de l’apport des ordinateurs dans leur travail qu’elles se sont cotisées pour me payer ma cantine. Elles m’ont dit que je les avais sauvé… A ce moment j’ai bien compris que la technologie pouvait vraiment changer la vie des gens, mettre entre les mains de tout le monde des outils extrêmement complexes. J’ai ressenti également cela lorsque j’ai offert plus tard des iPhone à mes beaux-parents de 80 ans.

Les outils informatiques doivent donc pouvoir être pris en mains par n’importe qui. Avez-vous le sentiment que cela a toujours été le cas ?

Les technologies complexes ont été rendues accessibles au plus grand nombre. La première interface informatique vraiment user friendly a été le Minitel, puis l’Internet. Des énormes progrès ont depuis été réalisés grâce au Xdesign. On pense aussi non seulement interface mais aussi usage. La catch-up TV est un bon exemple. J’étais dans la Silicon Valley quand Google a mis YouTube sur la télé. Au début cela n’a pas marché car cela manquait de contenus délinéarisés et personnalisés pour se différencier d’une consommation télévisée linéaire et impersonnelle. Aujourd’hui la situation est bien différente.

Quel lecteur de presse informatique êtes-vous ?

Je ne suis pas un grand lecteur de LMI que je ne connais pas bien. J’aime beaucoup la vidéo, consommer de la vidéo rapidement. Une recommandation que je pourrais faire au Monde Informatique c’est de s’ouvrir le côté média. Mais il faut faire attention à garder du recul. Tout va très vite avec les réseaux sociaux avec la course à l’instantanéité. J’attends du Monde Informatique une autre capacité de traitement et de recul. On a besoin de journaux comme LMI pour avoir du recul face à ces réseaux sociaux, de référents pour remettre en place les choses.

Avez-vous un message à faire passer aux DSI qui liront cette interview ?

Quand on gère la technique d’une entreprise, on ne gère pas que de l’informatique mais aussi des télécoms, de l’Internet et un ensemble d’autres choses qui va du cloud au big data. Le DSI ne peut que devenir has been s’il reste seulement sur de l’informatique. Il faut qu’il soit capable de faire de l’open innovation, prendre des risques pour être distruptif. C’est le seul moyen d’avoir les clés du camion.