En France, les équipes informatiques ont une perception contrastée du concept Big Data, quoique globalement positive, constate IDC. Une perception qui diffère sensiblement, selon que l'on sonde, d'une part, les équipes Etudes et responsables des projets décisionnels, et d'autre part, les équipes chargées des infrastructures et de la production IT.  C'est ce qui ressort d'abord de la première édition de l'Index Big Data que le cabinet d'études a réalisé à la demande d'EMC afin d'évaluer la maturité des départements IT français sur le sujet. « Lorsque l'on interroge ces deux populations informatiques sur les impacts du Big Data en interne, il y a une vraie difficulté à les appréhender et beaucoup de flou », reconnaît Cyril Meunier, consultant chez IDC France, spécialiste du marché des logiciels applicatifs et décisionnels. Cet état de fait est « porteur de risques si cela doit persister », souligne-t-il.

Le deuxième enseignement de l'Index Big Data d'IDC/EMC est que, sous la pression des métiers, certains projets sont devenus une réalité, relève Cyril Meunier. « En revanche, il n'y a pas de deuxième vague d'adoption en vue à court terme, contrairement à ce que l'on prévoit au niveau mondial », pondère-t-il.

Le Big Data rend possible de nouveaux modèles

Pour établir l'Index, IDC a mené deux enquêtes séparées auprès des équipes Etudes/BI et des équipes infrastructures(*). « Il y a une compréhension assez fine du concept Big Data par les équipes Etudes/BI », note le consultant. Elles perçoivent bien la chaîne allant de la capture à la restitution des données puis à l'intégration dans les processus métiers et sont 30% à mettre en avant les 3 « V » du Big Data : volume, variété et vitesse des données (4V si l'on y ajoute la valeur). Un pourcentage toutefois inférieur à ce que l'on constate aux Etats-Unis où la moitié des personnes interrogées détectent ces 3 V.

Les équipes Etudes/BI pensent effectivement que le Big Data peut contribuer à renforcer la capacité d'innovation de leur organisation : pour 49% en lui permettant de tirer parti de données jusque-là inaccessibles, pour 40% en rendant possibles de nouveaux modèles, pour 37% en réduisant le cycle de conception de nouveaux modèles d'analyse et pour 26% en permettant de répondre à des questions auxquelles aucune technologie ne permettait de répondre.

Effectivement, du côté des métiers, la demande est là. Deux-tiers des responsables Etudes/BI se disent confrontés à une forte demande des équipes métiers sur le traitement des Big Data et 48% disent avoir reçu des expressions de besoins dans ce domaine. Malgré cela, 70% indiquent qu'à leur connaissance, il n'y a pas de réflexion Big Data lancée dans leur entreprise. Seuls 18% affirment utiliser déjà des solutions Big Data. « Mais ce sont des approches d'envergure limitée et souvent partielles », modère Cyril Meunier, d'IDC. Et 10% étudient l'opportunité d'investir dans ces solutions. Seule une moitié de ces entreprises déploie ou a déployé des technologies Big Data portant à la fois sur les outils d'analyse et sur l'aspect stockage (architectures évolutives ou « scale-out »).

Des volontaristes et des Messieurs Jourdain du Big Data

Le cabinet d'études distingue trois groupes parmi les entreprises approchées : celles qui ont adopté une attitude volontariste sur le Big Data (29%), celles qui se sentent peu concernées (40%) et celles qui en font déjà sans le savoir (31%), les Messieurs Jourdain du Big Data en quelque sorte, qui faisaient partie des 70% affirmant qu'il n'y avait ni projet ni réflexion de ce type dans leur entreprise. « Elles disent pourtant avoir engagé un dialogue sur les enjeux d'analyse rapide de grosses volumétries de données variées », même si ces entreprises sont deux fois deux fois moins nombreuses à déployer à la fois des technologies de stockage évolutives et d'analyse que le groupe des volontaristes.