« Peu d'entreprises rejettent vraiment l'idée de lancer des projets de green IT, affirme, quant à lui, Vernon Turner d'IDC. En fait, le plus effrayant, c'est de ne pas savoir par où commencer ! Et c'est peut-être bien ce qui donne à certains le sentiment d'être une âme errante... Il y a eu beaucoup de marketing autour du concept, et je crois que les CEO et le DSI sont complètement noyés dans le vert.» Sans nul doute, lancer une politique 'verte' à l'échelle de l'entreprise n'est pas une mince affaire. Mais les observateurs et ceux qui se sont lancés le rappellent : les DSI peuvent mettre en oeuvre des initiatives green IT sans pour autant revoir l'ensemble de leurs politiques, de leurs procédures et de leurs processus - et sans forcément dépenser beaucoup. De plus, ils peuvent vendre ce type de projets auprès de leur direction non seulement avec leurs mérites environnementaux mais aussi leurs retours financiers. « Beaucoup de démarches donneront lieu à des retours sur investissement rapides, affirme ainsi Rakesh Kumar. Avec la crise économiques, les CIO devraient se concentrer sur des initiatives 'vertes' avec des retours inférieurs à 18 mois : cela peut aller de la mise en place de téléconférence jusqu'à la consolidation de datacenters. » « Une meilleure gestion de la consommation électrique est certainement l'un des moyens les plus simples et les moins chers de faire des économies colossales », ajoute de son côté Katharine Kaplan, responsable produit pour l'initiative 'Energy Star for Consumer Electronics and IT' de l'Agence de protection environnementale (EPA) des Etats-Unis. Elle rappelle que l'utilisation des fonctions de gestion de l'énergie sur un PC de bureau peut économiser 50 $ par machine et par an. Pour un écran, cela peut aller de 12 à 90 $ annuels. Et si l'on commençait par une gestion de parc plus pointue ? Autre conseil de pur bon sens, celui de Henry Wong, responsable senior pour le programme éco-technologie d'Intel : « Commencer par une meilleure gestion de parc est un moyen simple de réduire sa consommation. Il suffit d'identifier et d'éteindre toutes les machines et les périphériques qui ne sont pas utilisés ou dont on n'a pas besoin. » De façon évidente, des politiques d'achats et de renouvellement mieux pensées constituent aussi de bonnes pistes. Ainsi, chez Citigroup, à New York, on pense à installer des clients légers, qui ont moins besoin de puissance, coûtent moins cher et devraient réduire l'empreinte carbone de l'entreprise. On peut aussi exiger des nouveaux équipements acquis qu'ils respectent tous le standard Energy Star. D'autant qu'à partir de 2009, ce dernier s'appliquera aussi aux serveurs. Des stratégies similaires s'appliquent aux datacenters. Avec les précautions d'usage, la virtualisation et la consolidation permettent de réduire le nombre de machines sans diminuer l'efficacité de l'infrastructure. Henry Wong rappelle qu'Intel, comme la plupart des autres fournisseurs du marché, a procédé ainsi et a réduit ses coûts de 3 M$. Le fondeur a ainsi économisé la construction d'un nouveau bâtiment et sa maintenance. Pour l'aspect 'green', la demande en énergie et en équipement neuf a mécaniquement diminué. « Même les entreprises qui ne se sentent pas prêtes pour ce type de démarche peuvent tout simplement commencer par contrôler la température, continue Henry Wong. Ce faisant, il faudra contrôler l'humidité de près mais il est possible la plupart du temps d'augmenter sans dommage la température de l'infrastructure de quelques degrés et de réduire en conséquence le niveau de climatisation. » Sans oublier d'utiliser l'air naturel quand c'est possible... Ce ne sont peut-être pas les démarches les plus imposantes, mais c'est un début.