Salesforce.com fait monter les enchères, un peu trop pour Microsoft. Les discussions de rachat du premier par le second, et qui semblent avoir été assez loin, ont achoppé en raison d’un désaccord sur le prix d’acquisition, selon des informations diffusées par la chaîne américaine CNBC. Microsoft offrait 55 milliards de dollars pour racheter la société fondée par Marc Benioff, tandis que ce dernier aurait demandé 70 milliards. Un prix sans doute un peu élevé pour le spécialiste des logiciels de CRM (gestion de la relation client) en mode SaaS qui a réalisé un chiffre d’affaires de 5,37 milliards de dollars sur son exercice fiscal 2015, clos fin janvier, assorti d’une perte nette de 262,7 M$. Sur l’exercice 2016, il a augmenté ses prévisions de croissance, tablant sur un CA situé entre 6,475 et 6,52 Md$. Salesforce affiche par ailleurs une capitalisation boursière de 49,17 milliards.

Néanmoins, ses actionnaires estiment à coup sûr que l’éditeur vaut bien davantage. A la suite des rumeurs sur l’arrêt des discussions avec Microsoft, le cours de son action a augmenté de 2,88% vendredi à 75,01 dollars. Les deux éditeurs sont directement concurrents sur le marché des solutions de CRM en mode cloud, Microsoft ayant développé il y a quelques années une version SaaS de Dynamics CRM, en complément de ses versions sur site et hébergées par des partenaires.

Satya Nadella réticent à engager son groupe dans l’opération

Quoi qu’il en soit, l’acquisition aurait représenté un gros morceau pour l’éditeur de Redmond qui dispose, selon son dernier rapport financier, de 7,4 Md$ de disponibilités et de 88 Md$ de capitaux investis à court terme qu’il pourrait dégager pour réaliser des acquisitions. Des capacités qu’un tel rachat auraient sérieusement entamées, d’autant qu’une autre rumeur (une de plus, diffusée notamment par le site taïwanais Digitimes) le dit intéressé par le fabricant de smartphones canadien BlackBerry.

Il semble également que Satya Nadella, CEO de Microsoft depuis l’an dernier, ait été réticent face à une opération de l’envergure de Salesforce.com et aux conséquences qu’elle pourrait avoir pour son groupe. Le groupe qu’il dirige sort d’une restructuration qui l’a conduit à supprimer 18 000 postes en trois vagues de licenciements l’an dernier, une partie de ces coupes concernant les équipes l’ayant rejoint à la suite du rachat de l’activité mobile du Finlandais Nokia, pour 7,2 Md$.

Les rumeurs de rachat autour de Salesforce.com s’étaient diffusées il y a quelques semaines lorsque Bloomberg avait révélé que la société de Marc Benioff avait été approchée par un acquéreur dont le nom n’a pas été révélé. Microsoft s’était alors montré intéressé par ce dossier (les deux sociétés s'étaient déjà engagés sur la voie d'un partenariat, a montré Fortune), tandis que le CEO de SAP avait de son côté déclaré ne pas être du tout intéressé par Salesforce.com et que le prix annoncé était beaucoup trop élevé.