Le Sommet Mondial sur la Société de l'Information s'est conclu le 18 novembre à Tunis. Les enseignements à en tirer sont, d'un côté, le maintien de la main-mise des Américains sur Internet, de l'autre, le peu de volonté des nations riches à réduire la fracture numérique Nord-Sud. En façade pourtant, l'unanimité ressortait des débats. Les grands pays faisant front commun avec les laissés pour compte, signant main dans la main "l'engagement de Tunis". Cet accord stipule qu'il est "déterminant d'édifier une société de l'information à dimension humaine, inclusive et privilégiant le développement". Il fait des nouvelles technologies "des outils efficaces pour promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité et pour renforcer la démocratie, la cohésion sociale et la bonne gouvernance". A la lecture de ces passages, on pourrait penser que les pays occidentaux avaient réellement pris l'engagement de réduire le fossé numérique opposant le Nord et le Sud, et de contribuer à ce que plus de 14 % de la population mondiale ait accès à Internet. Il paraissait alors plausible que les Etats les plus fortunés financent le Fonds de Solidarité Numérique (FSN), né d'une initiative du Président sénégalais Abdoulaye Wade. C'était toutefois un voeu pieux puisque, si les nations développées sont d'accord sur la nécessité de corriger les disparités entre l'occident et le reste du monde, elles se semblent pas vouloir en assumer le financement. Ou du moins ne veulent pas y être astreintes. Elles ont en effet refusé d'alimenter le FSN en raison de caractère obligatoire que ce dernier donne aux versements, et ont préféré des programmes de développement comme ceux de la Banque mondiale, basés sur des contributions volontaires. Le FSN, qui aurait besoin d'environ 2 Md€ pour mettre en place son programme d'action, doit se contenter d'un fonds de roulement de 6 à 7 M€.