L'Open Source se faufile partout. La France a sa filière "Logiciels Libres", qui compte près de 400 sociétés, des petites entreprises pour la plupart, prestataires de services et éditeurs, dont 250 en Ile-de-France. De là à revendiquer une reconnaissance formelle pour figurer au nombre des pôles de compétitivité labellisés (et soutenus financièrement) par l'Etat. C'est en tout cas le pas que souhaite franchir une poignée de chefs de file reconnus, avec -c'est officiel- le soutien du ministre Thierry Breton, qui en a fait un point d'accroche de sa déclaration lors de la présentation, ce lundi 4 décembre, du rapport sur "l'économie de l'immatériel" en tant que vecteur de croissance. L'argumentation des promoteurs de ce pôle encore virtuel est rodée. "La France a donné des contributions majeures à la recherche et au développement en informatique, à l'avant-garde du mouvement du logiciel libre", souligne Roberto di Cosmo, professeur d'informatique à Paris-7. Il ne manque pas non plus de patrons de jeunes pousses pour soutenir, comme le fait Stéfane Fermigier, PDG de Nuxeo (logiciels de gestion de contenu), que 30 à 40% de leur chiffre d'affaires vont à la R&D. Quant à Alexandre Zapolsky, président de l'ASS2L (association de sociétés de services dédiés aux logiciels libres) et PDG de Linagora, "la phase d'industrialisation et les perspectives de croissance" face auxquelles se trouvent la filière du logiciel libre, forte déjà, selon lui, de 6000 emplois en Ile-de-France, suffisent à justifier cette candidature au statut de pôle de compétitivité. Enseignement, recherche appliquée, débouchés porteurs... le tryptique habituel qui a justifié la constitution des 66 pôles de compétitivité déjà labellisés est bel et bien représenté dans cette candidature. Et Alexandre Zapolsky, principal initiateur de ce projet, l'assure: les universitaires d'Ile-de-France concernés, de même que certains représentants de l'Inria déjà approchés, apporteraient volontiers leur soutien au dossier. Un regroupement de PME Il reste que l'Ile-de-France a déjà son lot de "pôles", de "réseaux thématiques" et autres structures de soutien à la R&D, dont certaines d'envergure nationale, notamment en informatique et télécoms (Systematic, Cap Digital, Digiteo, RNTL, RIAM, RNRT), avec une ambition de rayonnement hors frontière. Comment ne pas voir, dans cette superposition de structures, toutes ayant vocation de support au développement économique, et surtout de développement territorial rattaché à la notion de pôle, un risque de dispersion, de "saupoudrage", des moyens et des énergies? Les industriels prenant part aux pôles existants en savent quelque chose. Pour autant, le pôle Logiciels Libres, tout comme Cap Digital dans le domaine du contenu, se positionnerait, comme le décrit Alexandre Zapolsky, comme un regroupement de PME à forte perspective de croissance. Avec le soutien du monde de la recherche? Et celui des pouvoirs publics, au delà du ministre Thierry Breton? Cela reste à voir... avec la prochaine fournée de pôles labellisés qui devrait être publiée dés janvier prochain.