Les prototypes de voitures autonomes ne sont pas vraiment nouveaux. Les voitures de Google circulent depuis plusieurs années sur les autoroutes du nord de la Californie (les 101 et 280 par exemple). En Europe, les constructeurs et les équipementiers automobiles travaillent également sur le sujet. Vendredi dernier, Valeo et Safran ont justement invité des journalistes à l’Hôtel des Invalides à Paris afin de promouvoir leurs technologies dans ce domaine. Pour leur démonstration dans le cadre du projet Drive4U, les deux groupes français ont spécialement équipés une Volkswagen Passat CC avec des radars, de la télédétection par laser (Litar ou light detection and ranging) et des caméras, avant de la lâcher dans la cour de l’Hôtel des Invalides. Un environnement a spécialement été simulé avec des feux rouges, des véhicules en mouvement (20 km/h ou moins) et à l’arrêt. L’objectif des deux groupes est de montrer que l'industrie automobile européenne est prête à commercialiser des voitures autonomes en 2020.

Le trafic automobile s'affiche en temps réel sur l'écran principal du tableau de bord. (Crédit Peter Sayer/IDG NS)

Stimulés par Google, de nombreux constructeurs automobiles travaillent aujourd’hui sur des voitures totalement autonomes (Toyota/Lexus, Audi/VW, BMW et Mercedes) ou semi-autonomes (Cadillac, Renault/Nissan et Tesla), sur l’autoroute ou dans les embouteillages urbains. Pour leur démonstration, Valeo et Safran ont utilisé une Volkswagen, mais ils auraient également pu le faire avec une Peugeot ou une Nissan. Sans les nommer, les deux entreprises discutent aujourd’hui avec plusieurs constructeurs automobiles sur le sujet.

Redonner du temps libre dans les embouteillages 

Dans une exposition séparée, Valeo a montré à quoi pourrait ressembler l'interface utilisateur de ces véhicules semi-autonomes. Aujourd'hui, par exemple, les systèmes de navigation dans les automobiles affichent les embouteillages en rouge mais Valeo a choisi de les colorer en vert sur son écran. « Nous avons choisi une couleur positive pour les embouteillages car, dans l'avenir, nous espérons pouvoir les transformer en temps libre où vous pourrez faire ce que vous aimez », a déclaré Jean-Patrick Favier, designer industriel chez Valeo. Il a continué en montrant comment les conducteurs pourront enclencher et désactiver le « pilote automatique » en utilisant deux panneaux d'affichage tactiles sur le volant, et comment cela affectera l’écran du système de multimédia de la voiture. En mode normal, le conducteur ne voit que les fonctions autoradio classiques (volume audio et le nom de la station de radio ou de la piste). En mode conduite autonome, l'interface devient beaucoup plus riche et affiche les pochettes d'albums ou les films stockés sur le samrtphone du conducteur.

Un bouton dédié permet d'activer l'autopilote de la voiture. (Crédit Peter Sayer/IDG NS)

Alors que les fournisseurs d’OS mobiles poussent leur solution dans les automobiles (Google avec Android Auto et Apple avec CarPlay) afin de proposer une interface familière aux conducteurs, M. Favier estime que c’est une mauvaise approche pour les véhicules autonomes.« CarPlay sera limité dans le nombre d'applications que vous pourrez utiliser car il est conçu pour être utilisé pendant la conduite, » a-t-il dit. Au lieu de cela, dit-il, les voitures autonomes pourront se connecter à des interfaces développées pour les systèmes de divertissement à domicile, comme AirPlay, Chromecast et Miracast.

Déverrouiller sa voiture avec son smartphone

Safran et Valeo ont également montré d'autres technologies qu'ils développement pour les futurs véhicules, y compris un système de verrouillage Bluetooth idéal pour la location et le partage de voiture, un système de guidage inertiel de précision afin de pallier l’absence de signal GPS, et des rétroviseurs-caméras. Les rétroviseurs latéraux ne vont pas disparaître, mais évoluer pour réduire la consommation. En remplaçant les encombrants miroirs par des mini caméras, les constructeurs automobiles pourraient réduire de 1,3 gramme par kilomètre les émissions de dioxyde de carbone. C'est une économie de l'ordre de 1% sur les émissions moyennes d’une automobile, et une étape vers l'objectif européen de 95 grammes d'émissions moyennes par kilomètre pour les véhicules vendus en 2020.

Un mobile Bluetooth pour déverrouiller la voiture. (Crédit Peter Sayer/IDG NS)

Valeo et Safran travaillent depuis septembre 2013 sur ces sujets. « Nos deux groupes, Safran et Valeo, se sont associés car ils travaillaient sur des technologies et des problématiques semblables, chacun dans ses domaines d'activités : pilotage automatique de véhicules ou de drones dans des environnements complexes, traitement d'images et de données, vision dans des conditions difficiles, reconstitution 3D de l'environnement et réalité augmentée, biométrie et sécurisation, capteurs », a déclaré Jean-Paul Herteman, PDG de Safran, dans un communiqué de presse. « Nous ne sommes qu’au début d’une longue histoire qui est emblématique de notre capacité à développer une filière d’excellence technologique française », a souligne de son côté Jacques Aschenbroich, directeur général du groupe Valeo.